lundi 8 octobre 2007

Broken Glass


BROKEN GLASS : « Broken Glass » 1975

« Standing on the border with my case in my hand, waiting for a judge to see you once more…” . En cette fin d’année 1975, Stan Webb est un peu en déroute. L’homme vient de quitter Savoy Brown suite à de profonds désaccords avec Kim Simmonds. Déjà, l’aventure s’annonçait mal, puisqu’il s’agissait à l’origine d’un super-groupe devant réunir trois des meilleurs guitaristes de blues anglais, à savoir Stan Webb de Chicken Shack, Kim Simmonds de Savoy Brown, et Miller Anderson du Keef Hartley Band et de Dog Soldier. Les trois étant en rupture de leurs groupes respectifs, il était évident que cette réunion devait relancer leur carrière à l’heure du glam et de Kiss.
Mais pour s’assurer d’un succès certain aux USA, Simmonds impose le nom de Savoy Brown car le groupe a gardé un public important là-bas. Il est alors évident que cette union réunissant trois égos surdimensionnés devait exploser rapidement. C’est chose faite après la tournée et l’album, et voilà donc Webb seul.
Il décide alors de former SON supergroupe. Il rameute donc Miller Anderson à la seconde guitare, Keef Hartley à la batterie, et Bob Rawlinson à la basse. Mais une fois de plus, la gamelle se met à bouillir dangereusement, et cette première ébauche de groupe explose. Exit Anderson et Hartley, bonjour Robbie Blunt, ex-Tony Ashton Band, à la guitare et Mac Poole, ex-Warhorse, à la batterie. Suite à ses différents déboires musicaux, mais aussi sentimentaux, avec son mariage qui bat de l’aile, Webb nomme ce nouveau groupe Broken Glass.
Un album est rapidement mis en boîte en à peine 22 jours, et en voici le résultat. Ce disque est non seulement très bon, mais il marque un jalon important dans la carrière de Webb. Car si l’homme a parfois joué avec le blues en jonglant avec le rock ou le heavy, il lui est toujours resté fidèle. Pour l’heure, « Broken Glass » est un disque très rock, qui explore plusieurs univers. Ouvert d’entrée par le percutant et rock « Standing On The Border », on entre de plein fouet dans le vif du sujet. S’en suit le magnifique « It’s Alright » et sa mélodie entêtante, aux accents presque Velvet Underground.
Et que dire du superbe « Keep Your Love », alliage incroyable de rock, de soul et de reggae, ou encore de la lourde et funky reprise du « Evil » de Howlin’ Wolf. Broken Glass fait vraiment preuve d’une audace assez inhabituelle de la part de ces musiciens pourtant établis, et à la ligne de conduite blues que l’on pensait inamovible. Ce qui est très marquant, c’est l’importance des chansons. Les mélodies sont pour la plupart difficiles à oublier, et même si le groupe dispose d’une attaque de guitare en règle, les soli sont distribuer avec parcimonie pour créer une cohésion de groupe, chose que l’on ne connaissait guère à Webb.
On trouve ici une approche très fraîche du blues, du rock, et d’éléments funk et soul. Le disque ne connaîtra hélas guère de succès, la faute à des problèmes de management qui bloqueront toute vraie tournée. Webb retournera alors reformer un Chicken Shack avec Robbie Blunt en 1977, groupe qu’il traînera selon son humeur en tournée.
Une chose est sûre, Stan The Man approfondira son exploration des sons rock jusqu’aux débuts des années 80 avant de revenir au blues pur. Il déclarera regretter cette période qu’il considère comme médiocre musicalement, considérant avoir été poussé à des concessions commerciales par sa maison de disque. Une chose est sûre, c’est que l’homme gravera entre 1975 et 1979 parmi ses meilleurs enregistrements, du moins, ses plus intéressants. « Broken Glass » est une première étape dans la découverte cette zone sombre de la carrière d’un des meilleurs guitariste de blues-rock que la Grande-Bretagne ait jamais connu.
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