vendredi 28 décembre 2007

MC5

MC5 “High Time” 1971 et « Thunder Express » 1972

Electricité, bruit blanc et révolte urbaine. MC5 fut le symbole de tout cela. Il fut l’étendard d’une revendication autrement plus agressive et violente contre l’Etat que les hippies friqués de San Francisco.
Parce que MC5 venait de Detroit, la Motor City, encore bardée de ses industries automobiles tournant à plein régime, et ne laissant comme avenir à ses enfants celui d’un ouvrier à la chaîne.
La musique de Detroit fut donc plus rude, métallique, et contestataire que celle de la côte Pacifique. Les Stooges, Amboy Dukes, Frost, Borwnsville Station, Bob Seger System… furent les symboles de ce courant gavé de Soul (celle de la Motown), de Rock’n’Roll, et de Blues urbain.
MC5 fut le plus politisé. D’entrée, le groupe fonde le mouvement White Panthers, pendant blanc des Black Panthers. Il fallait la révolution maintenant, et à coups de latte. Le live à la Grande Ballroom nommé « Kick Out The Jams », leur premier album, fut à jamais le symbole de ce rock’n’roll high energy, gavé de larsens, bordélique, et incroyablement violent. Mélangeant pêle-mêle le blues de John Lee Hooker, le rock garage des Sonics, et le free-jazz de Sun Ra, ce disque reste un exemple de combustion spontanée.
Par la suite le groupe sortit deux autres disques : « Back In The USA » en 1970, et ses sonorités très rock’n’roll 50s et « High Time » en 1971. Personnellement, seul le second me paraît réellement impeccable de bout en bout, réussissant à canaliser la puissance du groupe, tout autant que son côté funky.
Le groupe fait enfin preuve de maîtrise, et réussit à mettre en valeur ses deux guitaristes à leurs justes valeurs : Fred Sonic Smith et Wayne Kramer. Il y a aussi la voix incroyablement puissante et soul de Rob Tyner, qui chante ici incroyablement bien.
Il y a enfin d’excellentes chansons, comme le monstre « Sister Anne » et ses huit minutes d’électricité folle, « Future/Now » et ses revendications politiques, ou les brûlants « Baby Won’t Ya » et « Miss X ».
Mais malgré cet excellent disque, MC5 ne décolle pas commercialement parlant. Trop politisé, le groupe subit les foudres du FBI et des maisons de disques, qui sabotent concerts et distribution des albums.
Le groupe voyant un semblant de reconnaissance en Europe, il s’exile en Grande-Bretagne. Mais c’est en France, au Château d’Hérouville, que MC5 tente d’enregistrer un nouvel album. Mais sans maison de disques, les sessions ne permettent qu’un réenregistrement d’anciens titres pour une émission de télévision française.
Certains voient en ces titres l’abandon du côté dur et sans concession du Five. C’est une erreur. La groupe s’oriente nettement vers un son plus funky, très inspiré par James Brown. C’est particulièrement vrai sur « Rama Lama Fa Fa Fa (Rocket Reducer) », jam endiablé de dix minutes. Le rock’n’roll est également bien servi avec la reprise de « Empty Heart » des Stones », et du seul nouveau titre, « Thunder Express », très Chuck Berry. Il y a en fin le boogie lourd et métallique « Motor City Is Burning » de John Lee Hooker. Le titre prend ici un sens nouveau, dramatique et désespéré.
Comme si le MC5 savait déjà qu’il avait perdu la bataille, que tout était joué. Rob Tyner partira à la fin de l’année 1972. le Five continuera en quatuor jusqu’à début 1973, juste avant que Wayne Kramer se fasse coffrer pour possession de cocaïne.
Il reste alors ces disques magiques, gavés d’adrénaline et de testostérone, mais aussi d’une arrogance et d’une fierté toute adolescente. Celle de la défiance de l’ordre établi, celle du refus des conventions et de la recherche d’un avenir meilleur. Encore des utopies brûlées par le pouvoir.
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