mercredi 30 janvier 2008

FASTWAY

FASTWAY « Fastway » 1983

Et si l’un des meilleurs de groupes de hard-rock anglais était un ramassis de losers ? A l’origine de ce groupe, un certain Fast Eddie Clarke, le guitariste de Motorhead, qui vient de quitter le trio atomique en 1982 et en pleine gloire, lassé des duos avec les girlfriends de Lemmy. Et puis surtout, Clarke aime le rock et le blues, et cela, il commence à avoir du mal à l’imposer dans Motorhead. Car si l’on sent sur « Overkill » ce parfum vintage de rock-blues passé sous speed, avec « Iron Fist », on est dans le speed-metal pur.
Lassé, donc, Clarke se sauve, exténué aussi par cinq années sans répit, alternant album et tournée sans le moindre sous, alors que Motorhead est numéro un en Grande-Bretagne avec son live.
Il s’allie avec un autre loser magnifique et carbonisé : Pete Way. L’homme est le bassiste héroïque et charismatique de UFO, quintet de hard-rock mélodique chromé, et auteur d’une bonne dizaine de superbes albums, avec ou sans Michael Schenker, et cela est important de le dire. Lui aussi en rupture de son groupe en 1982, les deux hommes joignent leurs patronymes pour donner Fastway.
Ils partent à la recherche d’un chanteur et d’un batteur. Topper Headon, des Clash fut l’un des candidats, et participa à plusieurs répétitions, mais sa frappe limitée ne colla guère. Je vous le rappelle, Clarke baigne dans le blues anglais, Cream, Chicken Shack, Savoy Brown… Le candidat idéal sera un certain Jerry Shirley, en rupture d’Humble Pie, aux côtés d’un certain Steve Marriott. Le chanteur, lui, est un jeune inconnu irlandais de 19 ans : Dave King. Le quatuor répète d’arrache-pied, et décroche un contrat avec CBS. Mais l’éponge à gnole Pete Way veut du sexe et des paillettes : il les trouvera en rejoignant temporairement le groupe d’Ozzy Osbourne pour l’enregistrement de « Bark At The Moon ».
Clarke, dégoûté, dissous le combo. Mais sur l’insistance de King, il reforme le groupe. CBS et Shirley n’ont pas lâché non plus, et c’est tant mieux. « Fastway » sort en 1983, et i lest le reflet de ses troupes : hard-rock serré, mais incroyablement bluesy. La voix de King est rugissante, la batterie de Shirley est lourde mais avec un swing digne de la soul-blues anglaise. Enfin, Clarke est… lui-même. Sa guitare n’a pas changé depuis Motorhead. Elle délivre des riffs serrés mais gorgé de feeling, synthétisant en quelques accords 15 ans de rock anglais.
Et tout cela vole haut avec le génial « Easy Livin ». Mais le reste du disque est exceptionnel, sans aucun doute : « Feel Me, Touch Me » s’imprègne de funk sauvage, « All I Need Is Love » sent le blues à plein nez. Et puis il y a « Heft ! », superbe titre qui reprend là où Led Zeppelin a abandonné en 1976.
Bref, « Fastway » est un superbe condensé de hard-rock 80s composé par des musiciens 70s, et ce qui est fabuleux, c’est l’efficacité du groupe. Et cela ne trompera personne. A la grande surprise de CBS, Fastway vend 400 000 exemplaires de son premier disque aux USA, et « Easy Livin » tourne en boucle à la BBC.
Le disque suivant, « All Fired Up », poursuivra dans cette voie en embauchant un autre briscard survivant : Richard McCracken à la basse, ex…..Taste avec Rory Gallagher en 1969-1970 !
Et puis Clarke se laissera berner par les sirènes US, et dissolvera son hard-rock anglais dans le FM. La suite sera pathétique, et prouvera au monde entier qu’un immense groupe vient de gâcher sa carrière.
Reste ce disque, brut, violent, proche de l’os, brillant testament de la résistance rock’n’roll des 80s. Mais surtout, c’est son approche sincère, loin du glam-metal et des modes. C’est ce qui le rend intemporel.
Et mes bichons, parce que vous n'êtes décidément pas raisonnable, voici une petite perlouse : le clip de "Say What You Will" du dit album, avec des filles blondes, un gros camion, une voiture de police, et un bon playback. Que du bon quoi !
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lundi 28 janvier 2008

ATOMIC ROOSTER

ATOMIC ROOSTER « Atomic Rooster » 1969

A la fin des années 60, le mouvement psyché a bouleversé l’horizon musical britannique, à commencer par le British Blues Boom. De cette explosion des carcans musicaux surgit une fusion élitiste de jazz et de blues qui donnera les prémices du rock progressif.
Les premiers à s’illustrer sont Colosseum. Composé de virtuoses instrumentaux issus du groupe de John Mayall période « Bare Wire », et notamment Jon Hiseman, le groupe défriche des horizons nouveaux.
Apparaît peu de temps après un ovni total du nom de King Crimson, qui avec l’album « In The Court Of The Crimson King » pose les limites du genre : il n’y en a aucune.
Vincent Crane est l’organiste de Arthur Brown et de son Crazy World. Le groupe vient d’avoir un immense succès avec le titre « Fire ». Crane l’a cosigné. Personnage tourmenté, et ne supportant plus le diktat un brin despotique de Brown, il s’en va fonder son groupe. Il embarque dans l’aventure le batteur, un jeune homme de 17 ans, prodige de l’instrument, du nom de Carl Palmer.
Crane et Palmer veulent un groupe leur permettant toute latitude. A l’instar de Cream ou du Jimi Hendrix Experience, Crane veut un trio, sauf que ce sera lui l’instrument lead, ses claviers remplaçant la guitare. Un autre trio du genre a vu le jour deux ans plus tôt : Soft Machine.
Palmer et Crane recrute un jeune inconnu dont la voix époustoufle les deux compères : Nick Graham. Celui-ci joue également de la flûte et de la basse, ce qui permet donc au trio de jouer orgue-basse-batterie. Le nom du groupe est trouvé par un roadie, qui dans un délire lysergique se met à évoquer une vision lumineuse, celle que lui inspire la musique du combo : « It looks like an atomic rooster ! ».Eclats de rire général, et adoption du nom, le trio s’appellera Atomic Rooster.
Le premier album, très attendu comme beaucoup de disques dits de supergroupes, ne décevra pas. Contrairement à ce que fera Emerson, Lake And Palmer, Atomic Rooster évite la virtuosité gratuite. Crane est d’une grande réserve personnelle, et se refuse tout solo superflu. Les lignes musicales doivent avoir un sens. C’est sans doute ce qui fait de cet album un disque équilibré, sans temps mort.
L’autre grande qualité de ce premier disque, c’est la voix de Graham : déclamatoire, puissante, rauque, elle se colle à merveille sur la musique torturée et sombre de Crane. Et que dire de la batterie de Palmer, rapide précise, les baguettes courant sur les toms comme autant de farfadets fous dans cet univers hanté.
Atomic Rooster alterne ici les titres percutants et limite hard comme « Friday The 13th », et les longues pièces incantatoires et mystiques comme « Bandstead » sur lequel la voix de Graham est parfaite. Ce premier album révèle peu à peu l’univers de Crane, fait de magie noire et de mélancolie, que seul son orgue arrive à traduire avec certitude. Sur ce disque, c’est la sobriété qui frappe. Ce sera d’ailleurs le seul disque avec un bassiste.
Par la suite, et très rapidement, Graham partira pour reprendre ses études, et sera remplacé par John DuCann, ancien guitariste du prodigieux Andromeda. Exit donc la basse, et l’on entend les premières sessions sur la réédition de ce premier album. Certes, avec l’arrivée de DuCann, le trio a gagné en puissance sonore et en agressivité, et cela se révèle très bon sur « Friday The 13th » ou « Seven Lonely Streets » (un titre d’Andromeda »). Mais il a perdu son charme british et son aspect un peu gothique pour un son plus rock. Cela n’empêchera pas le disque suivant « Death Walks Behind You » d’être un monument redoutable de puissance. Entre temps, Carl Palmer est parti rejoindre le trio fondé par Keith Emerson avec Greg Lake, le bassiste-chanteur de King Crimson, qui deviendra, Emerson, Lake and Palmer. Il sera remplacé par Paul Hammond.
Atomic Rooster ne sera pas réputé pour conserver un line-up très stable, du fait du caractère versatile de Crane. Le groupe explosera en 1974, puis se reformera avec DuCann et Hammond en 1980, avant de disparaître en 1983. Rattrapé par ses démons, Crane se suicidera en 1989, laissant Atomic Rooster comme une énigme sonore, pas tout à fait hard, pas franchement progressif, bref, sans limite.
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jeudi 24 janvier 2008

STARZ

STARZ « Live In Action » 1989

A force de déambuler dans les recoins de heavy-rock, on finit par en avoir fait le tour. On se dit que les belles découvertes sont derrière soi, et que ma foi, rien ne vaut la réécoute de milliards de bootlegs de Led Zeppelin pour étancher sa soif de sons lourds. Ca, c’était avant. Avant la découverte de ce groupe assez hallucinant, Starz.
Les valeureux défenseurs du son heavy n’étaient pas bien nombreux en 1976 aux USA : Kiss, Aerosmith, Ted Nugent, Blue Oyster Cult… Et pour certains, le fin des années 70 fut synonyme de plongée dans le son FM-mélodique.
Quintet fondé par le groupe Richie Ranno à New York, ce groupe fut la fusion idéal entre le hard chromé du Zep mid-70s, et les mélodies power-pop. Cela donne un cocktail redoutable, loin d’être très radio-friendly. En fait, Ranno va réussir un pari assez époustouflant : celui d’offrir un hard-rock très électrique, mais aux mélodies incroyablement puissantes, portant sa musique au comble de l’héroïsme machique. La guitare en érection, pas moins. Lui et son homme de main, Brendan Rakin à la seconde guitare, brodent des canevas de riffs redoutables qui prennent tout leur sens en live.
Car au cas où vous ne l’auriez pas compris, il s’agit d’un live. Assemblé autour de différents enregistrements réalisés entre 1976 et 1978, soit la période d’activité de Starz, il s’agit d’un fantastique témoignage vivant d’un groupe qui loupa les étoiles de peu. Le groupe aligna quatre albums, tourna avec les plus grands (dont Kiss), mais son talent, sa finesse étaient autant d’obstacles à un public américain gavé de mauvaise bière et de codéine.
Les entrelacs électrique de Ranno et Bradkin étaient trop puissants, trop subtils. Car il y a aussi un fond de rock progressif là-dedans, avec ces changements d’ambiances, ces twin-guitars, comme si Wishbone Ash avait trouvé le disjoncteur.
La voix du chanteur Michael Lee Smith n’est pas celle d’un heavy-shouter, celle d’un Ian Gillan ou d’un Rob Halford. L’homme chante juste, mais suit la mélodie. Il sait que les maîtres du jeu sont les guitaristes, et qu’ils commandent.
L’ensemble est près de l’os, lyrique. Chaque écoute vous procurera une nouvelle découverte, un riff loupé, tant la musique est dense de trouvailles, comme de petites cathédrales heavy.
Le plus étonnant, c’est que ce live est le fruit du travail de fans, dont de nombreux musiciens. Parmi eux : Quiet Riot, Bon Jovi, Metallica, Kiss, WASP, mais aussi Megadeth, et bien d’autres mammouths du heavy-metal US. Brian Slagel, le boss du label Metal Blade, grand fan de Starz, rameute Ranno, et lui ordonne de sortir le coffre à merveilles. Il en sort des bandes live, véritables pépites d’une odyssée électrique qui aurait dû trouver son apogée dans les 70s.
Mais surtout, ce live révèle une hargne pas forcément présente sur les disques studios, trop propres à mon goût. Le côté pop prend des atours sales et méchants, et l’aspect lyrique est mis en exergue en permanence.
Depuis, Ranno exhume régulièrement des bandes live de grande qualité, fruit de sa collection personnelle. Il offre alors au public rock la matière nécessaire pour enfin comprendre son groupe, mais aussi pour étancher nos soifs de décibels machistes et adolescentes.

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mardi 22 janvier 2008

SWEET

THE SWEET « Strung Up » 1975 et « Ballroom Blitz – Live 1973 »

Le Glam-Rock connut ses plus belles heures de gloire avec David Bowie et ses Spiders From Mars. Mais la mode glam fut aussi est surtout le symbole flamboyant du kitsch le plus absolu des années 70. De ABBA à Michel Fugain et son Big Bazar, tous s’accoutrèrent de fringues flashy ambigues et de plate-formes boots argentées d’un ridicule sans nom.
Outre Bowie, il y eut T-Rex, Mud, Slade, et les éternels oubliés, Sweet. Il faut dire que le quatuor composé de Brian Connolly au chant, Andy Scott à la guitare, Steve Priest à la basse et Mick Tucker à la batterie eut bien du mal à se faire une crédibilité rock.
En effet, le quatuor fit son succès en enregistrant les ritournelles sucrées de deux producteurs anglais, Chinn et Chapman, et obtint ainsi plusieurs numéro un en Grande-Bretagne : « Hellraiser », « Blockbuster », « Teenage Rampage » et autres « Wig Wam Bam ». Commencé en 1971, cette exploitation commerciale fut telle que les quatre musiciens de Sweet ne jouaient parfois pas sur leurs enregistrements studio ! Ils ne servaient que de visages pour les émissions télé en play-back.
Nous sommes en 1973, et donc Sweet n’a que des simples à son actif. Bon, le son est devenu un poil plus rock avec des chansons comme « Hellraiser » comparés au mielleux « Sweet Coco Can Be », et les musiciens jouent désormais en studio. Ils ont même réussi à imposer une composition de leur cru en face B, mais cela, le public de minettes en chaleur qui est le leur n’en a cure.
The Sweet a vraiment l’intention d’orienter sa musique vers un son plus hard, et de sortir enfin des vrais albums. Mais pour l’heure, le groupe honore des concerts toujours sous la coupe Chinn-Chapman.
« Strung Up » est une compilation de 1975, mi-studio, mi-live. Ici, c’est la partie live qui nous intéresse, car c’est comme cela que j’ai découvert cet enregistrement, incomplet ici, mais disponible sous plusieurs éditions, dont la meilleure est « Ballroom Blitz – Live 1973 » chez Dojo Limited.
Enregistré au Rainbow Theatre de Londres le 21 décembre 1973, ce live est de la dynamite. Pas moins. Gavé de rage, et de frustrations diverses issues de ces hits commerciaux et d’émissions de variété ridicules qui commencent sérieusement à les pomper, The Sweet met ici le paquet.
Car les musiciens de Sweet sont loin d’être des enfants de chœur. Tous issus des milieux prolos, ils sont plutôt du genre bagarreur, dragueur et alcoolo sur les bords. Alors si les paillettes sont toujours là, le son lui, est moins glam, mais largement plus hard.
D’abord, Sweet favorise ses titres à lui : « Need A Lot Of Loving », « Rock’N’Roll Disgrace”, “Someone Else Will”… Et là, le contenu est couillu. Car ses titres sont dans une veine hard-rock brutal, avec riffs de guitare serrés, basse grondante, et roulement de toms inspirés des Who, et chœurs qui inspireront pas moins que Queen.
Résultat, le public de midinettes en prend plein la figure. Et les musiciens en rajoute, à commencer par Connolly qui insulte carrément les minettes qui hurlent entre chaque chanson.
Et même les hits pop font le plein d’adrénaline : « Hellraiser » râcle le plancher, « Little Willy » est une véritable ritournelle vicieuse et métallique, et « Wig Wam Bam » se voit affublé d’une rythmique en béton armé.
Tout ici n’est que brutalité, sauvagerie et métal en fusion. Même les albums studio à venir n’ont pas cette hargne folle. Il faut entendre « Done Me Wrong Alright » et sa coda se carbonisant dans un océan d’écho et de larsen. Il faut entendre le tabassage en règle de « Need A Lot Of Loving ». Il faut enfin écouter le formidable medley rock’n’roll, essence même de la musique de Sweet, empli de cet envie de joie, et ce plaisir de jouer qu’ont les Sweet à ravager les « Peppermint Twist » et autre « Great Balls Of Fire ». Le tout avec un humour réel.
Ce disque est l’un de mes lives favoris de tous les temps, parce qu’il dégage cette fantastique énergie, cette électricité sauvage qui bouillonne dans les veines de ces musiciens qui n’ont plus rien à perdre, et tout à prouver.
Par la suite, Sweet enregistrera quelques très bons albums de hard-glam, et fera son succès aux USA et en Scandinavie. Hélas, aucun de ces albums n’aura ce brio, et notamment la classe de ces mythiques face B qui composaient le répertoire du Sweet live de 1973. tous droits réservés

jeudi 17 janvier 2008

BLACKFOOT

BLACKFOOT « Highway Song – Live » 1982

Si l’histoire a essentiellement retenu dans le giron sudiste Lynyrd Skynyrd, il est fort dommageable que des groupes comme Point Blank, Molly Hatchet, 38 Special ou Doc Holliday soient régulièrement ignores. Sans doute est-ce essentiellement due à une image de blaireaux racistes, machos et alcooliques. Mais c’est oublier que tout ce rock’n’roll du Sud des USA trempe profondément dans le blues, et que sans ses racines noires, il ne serait pas grand chose.
Autre grand oublié, Blackfoot est un cas intéressant à plus d’un titre. D’abord parce que ce combo originaire de Jacksonville est sans aucun doute le plus hard de tous. Ensuite, parce qu’il fut le groupe le plus dangereux de ce coin-là de la planète entre 1979 et 1982. Pourtant, Rickie Medlocke, le chanteur-guitariste, avait une belle carrière en prévision. En effet, il fut le batteur initial de Lynyrd Skynyrd, et participa à l’enregistrement du premier vrai album du groupe en 1971, et qui ne fut publié qu’en 1978 sous le nom de « First… And Last » juste après l’accident d’avion qui pulvérisa Lynyrd Skynyrd en 1977.
Mais lassé par les difficultés du septet à être signé, il se consacra à son propre combo fondé en 1969 avec deux autres gaillards également d’origine indienne Blackfoot : Greg T-Walker à la basse et Jackson « Thunderfoot » Spires à la batterie et un guitariste de blues de Jacksonville, Charlie Hargrett. De temps à autre, Medlocke incluera également un cinquième membre, Shorty Medlocke, son beau-père. Le vieil homme assurera certaines intros de morceaux en racontant une histoire avec son accent inimitable, et s’accompagnant de son banjo ou de son harmonica.
Blackfoot, dont le nom est issu des origines des trois-quarts du groupe, s’imposera à la fin des années 70 et début des années grâce à 3 albums de heavy-metal sudiste impeccable, la fameuse trilogie dite du « bestiaire », à savoir « Strikes » en 1979 avec son serpent, « Tomcattin’ » en 1980 avec sa panthère, et « Marauder » en 1982 avec son aigle. Fort du succès de ces albums, Blackfoot commence à tourner en Europe en compagnie des nouvelles têtes du heavy-metal européen, notamment Iron Maiden, Scorpions ou Def Leppard.
C’est lors d’une de ces tournées en 1982 que Blackfoot enregistre ce live, pour remercier le public européen de son accueil. Capté à l’Hammersmith Odeon de Londres, ce disque brûlant est un parfait condensé de ce que le quatuor propose musicalement. Energie, attitude, et beaucoup de rock’n’roll sont au programme. La voix rauque et chaude de Medlocke résonne dans la salle, avant que de grosses Gibson bien grasses viennent huiler les tympans du public. La plupart des grands classiques de la bande de peaux-rouges est là, impeccables de feeling : « Gimme, Gimme, Gimme », « Train, Train », « Highway Song », « Fly Away »….
Le style de Blackfoot est toujours empreint d’un superbe feeling, duquel transperce la grande influence de Medlocke : Free. Le groupe reprendra d’ailleurs « Wishing Well » sur « Strikes ». C’est sans doute ici aussi qu’il trouve ce sens de la mélodie, mais pas seulement. Car dans cette musique, ce sont les grandes espaces qui flottent dans l’air. Et quand les guitares hurlent, ce sont les troupeaux de bisons que l’on voit traverser.
Si le metal européen tourna définitivement le dos aux influences blues aux débuts des années 80, Blackfoot gardera cet héritage en lui. Pour preuve, la reprise ultra-compacte de « Rollin’ And Tumblin’ » de Muddy Waters rappelle d’où vient ce foutu Southern-Metal. La slide rugit en zébrures électriques qui font souffler dans la mythique salle le vent chaud du Sud.
Ce live est, pour conclure, une épaisse tranche de rock’n’roll, et le concentré impeccable d’un très grand groupe qui dés l’album suivant se fourvoyera dans un heavy-metal à tendance FM, poussé par un management stupide. Depuis 10 ans, Ricky Medlocke a rejoint Lynyrd Skynyrd. Ce disque est donc aussi le dernier d’un groupe libre, charismatique et fier, qui chevauche à cent à l’heure sur l’électricité, et qui sut s’imposer sans concession. Il fut le dernier instantané d’un gang encore dangereux et rebelle, héritier du Grand Ouest Américain et des bayous putrides.

Et parce qu'encore une fois, je suis trop gentil, voici un extrait live de 1981, "Train Train" par Blackfoot, et croyez-moi, la locomotive est chaude :
http://fr.youtube.com/watch?v=rMclpOK7a2w


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