dimanche 17 février 2008

MOTHER'S FINEST

MOTHER’S FINEST « Live » 1979

Mes petits amis, je vous ai abandonné depuis un certain temps, faute à une petite phase de bourdon un peu trop envahissante. C’est un peu le problème, mais lorsque j’ai ce putain de cafard, je n’arrive pas à écrire, ou alors je trouver cela tellement nul que je jette tout aussi sec. Et ce n’est pas faute de découverte musicale, mais j’ai dû ficher à la poubelle une bonne dizaine d’articles que je trouvais d’une nullité crasse. Et pourquoi ce vague-à-l’âme me direz-vous ? Disons un peu de fatigue, un ras-le-bol général, et l’impression de courir après tout sans parvenir à rien rattraper. Je suis débordé par tout : famille, boulot, loisirs… tout me dépasse, tout m’agace. Est-ce la faute à cette société de merde, à ce pognon-roi qui détruit la vie de millions de gens, et réduit nos vies à payer des factures sans en voir la fin, avec pour seule perspective une énième courbette à ce connard de banquier, trop heureux de vous permettre un découvert « exceptionnel » qui raclera le dernier centime du fond de vos poches ?
Est-ce la faute de l’omniprésence médiatique de cette ordure de président Sarkozy (déjà, rien que ce terme utilisé par les journalistes, ça fait république bananière), dont les décisions et la vie privée étalée en place publique histoire de faire écran, ressemblent aux méthodes des pires dictatures militaires ? Car pendant que l’on discute de sa nouvelle pétasse, on ne parle pas du traité européen qui repasse par la porte de derrière sans la moindre protestation, des usines qui ferment malgré des bénéfices records, des avantages sociaux, tissu de notre société solidaire, qui brûlent comme de vieux torchons. Bref, j’ai les boules, et d’un volume telle que cela m’empêcha jusqu’à écrire. Et puis je me suis dit, mon coco, il va falloir te bouger, car le rock’n’roll a besoin de toi, et tu en as besoin aussi. Et en fait, me revoilà donc, car il est temps, mes frères, de prêcher à nouveau la bonne parole, ou en tout cas, de se changer les idées, tout simplement.

Les Red Hot Chili Peppers sont incontestablement considérés comme les inventeurs et les principaux interprètes du funk-rock tendance plus ou moins heavy. Pour toi, jeune, qui ne connaît rien à la musique à part ce que l’on veut bien te farcir dans le cortex, sache que les vrais inventeurs du heavy-funk s’appellent Mother’s Finest.
Groupe fondé en 1972 par la chanteuse Joyce « Baby Jean » Kennedy et le chanteur Glenn Murdock, ce sextet se veut alors un groupe de funk américain à l’instar des Temptations, mais surtout de Funkadelic et de Parliaments. La mixture n’est pas encore au point au départ, et le groupe composé du bassiste Jerry « Wizzard » Seay, du guitariste blanc (il est le seul) Gary « Moses Mo » Moore, du batteur Barry Bordan, et du claviériste Michael Keck oscille encore dans l’ombre des maîtres du P-Funk.
Le second disque paraît en 1976, et c’est le vrai départ de Mother’s Finest. Parce qu’en 1976, il a fallu choisir son camp. Le groupe a écumé les petites salles, et évolué avec le funk. Et il voit arriver le disco. Tous n’ont aucune envie de virer de ce bord-là, et décide d’approfondir le côté funk hendrixien abordé par Funkadelic. Mais plutôt que de suivre, le groupe laisse tomber les franfreluches, et injecte une bonne dose de heavy-rock US typé Ted Nugent, Aerosmith, Led Zeppelin, et Trapeze, les pionniers du genre.
Le résultat est donc un funk puissant, gorgé de guitare acérée, au son très hendrixien, mais à l’approche très agressive, équivalente à un Frank Marino ou un Robin Trower.
Wizzard est un bassiste costaud, capable de répondre à un Stanley Clarke, pas moins. La rythmique est ici puissante, mais ne manque jamais de swing, de groove. Les claviers sont bien sûr hérités du P-Funk, mais aussi de Stevie Wonder. Inventif, Keck est un instrumentiste complémentaire, jamais encombrant, intuitif. Moore et Keck se partagent chaleureusement l’espace, et celui-ci est rempli de notes magiques, puissantes et chaudes.
Et puis il y a les voix : Baby Jean domine assurément de la tête et des épaules. Sa voix gorgée de soul, n’est pas sans rappeler la grande Aretha Franklin. Mais Murdock n’est pas en reste : sa voix grave et chaude, très proche des Temptations, fait un admirable contrepoint à celle de Baby Jean. Le résultat est une orgie vocale.
L’ensemble des disques de Mother’s Finest est un bon aperçu de toutes ces qualités, mais rien de tel qu’un bon live. Il y a une injustice formidable : le concert à l’émission allemande Rockpalast n’existe qu’en DVD, car sinon, il surpasserait sans doute ce live officiel pourtant exceptionnel. Pour la petite histoire, le live à Rockpalast, retransmis par satellite, fit de Mother’s Finest un groupe culte jusqu’à aujourd’hui. C’était en 1978.
Le groupe s’est malheureusement loupé à plusieurs reprises, les albums studios n’ayant pas cette puissance malgré d’excellentes chansons. Le virage au début des années 80 vers un son plus hard aurait dû leur ouvrir des portes, elles se fermeront. Et Mother’s Finest se fourvoiera dans des sons trop FM pour être honnêtes, courant après la tendance plutôt que de l’inventer à la fin des années 70. Il reste que les albums entre 1976 et 1982 sont des musts, et ce live reste le brûlant témoignage d’un groupe sidérant d’efficacité, de swing, et de sueur.
Et puisque je vous parlais du fameux live au Rockpalast de 1978, en voici un extrait, "Truth Will Set you Free" : http://www.youtube.com/watch?v=jK7yIw04B-g


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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Courage! Ca s'apelle "grandir." Moi, je suis d'une nature positive et la verité est que nous abordons une periode economique très dificile peu importe le pouvoir.
Il faudrait du temps avant que l'économie aie mieux. Dans ces moments je me rapelle de nos grandparents qui vivais avec peu, l'important est ailleurs...Dans des moments précaires, j'espère avant tout que nos mondes ne bascule dans la violence...

Anonyme a dit…

Heureux de te voir de retour parmi nous mon Juju... courage, on est tous dans la crasse (plus ou moins)

biz à la famille :)

Anonyme a dit…

Mother's Finest, Trapeze, Paris, Fandango......etc.... que de bons groupes mais hélas bien trop méconnus!
ça fait plaisir à lire tout ça!
merci.
c'est vraiment par la scène que Mother's Finest existe toujours à l'heure actuelle, ses albums n'étant vraiment plus passionants comme ils l'étaient de 76 à 81.
dommage qu'on ne puisse pas les voir de par chez nous (ils se concentrent sur les States et les dernières fois où ils avaient visité l'Europe, ils n'étaient passés qu'en Allemagne!).