vendredi 16 mai 2008

PETER GREEN

PETER GREEN « White Sky » 1982

Tiens, je vous parlais de Peter Green avec Fleetwood Mac. J’ai réécouté ce disque hier soir, et puis des souvenirs sont revenus.
Le froid, la nuit tombante, les amours déçus…. Pour moi, il y a tout cela dans ce disque. Peter Green est-il allé aussi loin ?
Loin, ça c’est sûr, et ce depuis le début des années 70. Devenu complètement névrosé, il déambula près de dix ans entre petits boulots, appartements miteux, et séjours en hôpital psychiatrique.
Le Green de 1982 est un homme bouffi, déboussolé, mais en relative paix avec lui-même. Bien sûr, la carrière solo qu’il entame en 1978 sera un long chemin de croix, et il lui faudra être épaulé par de nombreux amis et proches, et notamment son frère Mick, qui écrit ici une grande partie des chansons. Car Peter éprouve encore beaucoup de difficultés à écrire.
C’est sur ce disque que Green exprimera le mieux sa détresse. Son jeu de guitare retrouve une partie du brio de la fin des années 60, et notamment sur le sublime « White Sky ».
Ce titre est à lui seul un monument, un diamant glacial. Sorte de riff funk new-wave sortit de nulle part, un homme chante sa peine. Quelques mots s’égrènent en boucle : « Lover, love that evil woman » Ces quelques mots prennent alors sens au fur et à mesure de la chanson, et surtout avec la montée en puissance de la guitare de Green, qui se met à égréner des notes sèches gavées de wah-wah, menaçantes, d’outre-tombe. Peu à peu, la guitare se met à hululer, à pleurer.
On se retrouve bientôt dans un train, assis dans un compartiment sinistre. Dehors, on aperçoit les paysages froids : ces champs givrés, ces arbres décharnés, ces petites maisons tristes perdues dans des milieux urbains plus ou moins abandonnés, ces friches industrielles. Il y a cette mélancolie indescriptible qui monte en soi, qui étouffe. C’est tout cela que raconte « White Sky ».
Il y a bien sûr d’autres chansons, et notamment quelques unes qui rockent sévères : « Shining Star », « Born On The Wild Side », « Indian Lover » notamment. Mais il y a toujours cette musique un peu déglinguée, et ces paroles obscures, en détresse.
Il y a bien un peu de lumière, mais toujours blafarde. Comme sur « The Clown ». La mélodie fait penser à un clown pleurant derrière le chapiteau. Elle fait aussi penser à Peter Green, dont le visage n’exprime plus les sourires de l’époque Fleetwood Mac.
Ce disque est assurément un album mélancolique, triste, sombre. Il révèle derrière une musique apparemment superficielle, légère, un peu datée années 80, les tréfonds de l’âme humaine. Et tout à coup, chaque note prend un sens profond.
« White Sky » est urbain et sincèrement humain. Il est le reflet de la fragilité du cœur et de l’esprit, et aide finalement l’auditeur à s’en remettre, parce qu’il sait faire vibrer cette corde sensible en chacun de nous, faite de souvenirs.
Puis Green disparaîtra à nouveau en 1984, et remettra encore dix ans pour renaître de ses cendres, revenant au blues de ses premières amours. Il reste alors les albums de 1978 à 1983, miroir d’un homme fragile en quête d’identité.
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