samedi 10 janvier 2009

L'ILE DE TOM dernière partie

Pourtant, une crainte ne m’avait jamais lâché : y avait-il des survivants sur l’autre île ? Tom finit par le savoir un jour.

Sur l’île voisine, des coups de feu et de mortiers éclatèrent contre les avions américains qui survolaient l’île.
Les échanges se répétèrent pendant plusieurs jours, sans que la petite communauté en fut affectée.

Mais un jour, des bruissements violents retentirent dans la forêt alors que Tom était avec Harry et les siens à la recherche de fruits et de branchages.
Des cris aiguës retentirent : des océaniens avaient été surpris par les serpents et les félins. Tom cria un ordre, et les animaux se dégagèrent, cernant la petite troupe. Par l’intermédiaire de Calice, je m’adressai aux autochtones : « Vous venez de l’autre île ?
- Oui, mais nous ne sommes pas armés ! Nous avons faim ! Nous nous rendons !
- Vous n’avez rien à craindre. Je suis seul ici avec eux. J’ai plus à craindre de vous. Si vous acceptez nos conditions, vous resterez en vie. »

Yaz le boa siffla en se levant, et Yann la panthère feula. Les anciens habitants firent un pas en arrière. Les animaux avaient le dernier mot.
Tom leur fit signe de nous suivre. Les singes les encadrèrent. Il aimait la manière dont les reptiles rampaient, la tête levée, fiers, encadrant ces prisonniers.
Les reptiles nous avaient rejoint, découvrant une petite tribu fort accueillante qui jetait leurs détritus faits de restes de fruits et d’os qui leur évitaient d’aller chasser.
Encore une fois, même le plus simplet des animaux avait trouvé son intérêt. L’un des iguanes se rapprocha un jour de Tom, sa troupe en arrière sur la plage : « Les Japonais nous tiraient dessus pour s’amuser, si on peut servir…
- Bienvenue à vous. Trouvez votre place. »

Les survivants de l’île voisine s’adaptèrent aux nouvelles règles de la société bestiale, au sens propre du terme. Ils reprirent en quelque sorte possession de leur île dont ils avaient été forcés de partir. La petite communauté semblait leur plaire.
Tom réussit à se faire comprendre avec les Océaniens, et vice-versa, et ce par l’intermédiaire des animaux qui connaissaient les deux langages, servant d’interprètes. Néanmoins, l’argot déjanté de Calice restait parfois mystérieux à nos deux langues.

Curieusement, il n’eut jamais de tentative de reprise de pouvoir par les hommes sur les animaux. Cela dit, les hommes étaient en minorité.
Et Harry n’avait pas son pareil pour imposer le calme : la moindre dispute s’arrêtait sur le champ lorsque sa mine renfrognée apparaissait à l’horizon. L’opération patate-gifle n’était jamais loin.


Sans doute suite aux combats voisins, un navire américain aborda un jour, à l’aube, sur la plage, prenant d’assaut le petit village.
Les Océaniens furent frappés et faits prisonniers. Les singes et les oiseaux fuirent en pagaille vers la forêt dans une cacophonie de hurlements stridents.
Des coups de feu éclatèrent, et certains d’entre eux tombèrent sans vie au sol. Tom fut capturé par l’armée.
Il était en larmes, sa nouvelle vie s’écroulait. La nouvelle s’ébruita bientôt : un pilote américain avait été retrouvé sur une île du Pacifique voisine des soldats japonais, et il n’avait rien fait.
Tom hurlait et se débattait sans fin. Il ne pouvait laisser ses amis là, il ne voulait pas rentrer.
Il reçu de nombreux coups de crosse de soldats américains, ceux de son camp. Puis il fut emmené de force sur le navire.

Il vit alors Harry courir vers lui sur la plage. Il grognait, furieux, et tenta de le délivrer. Un coup de feu éclata, et Tom le vit tomber de toute sa masse sur le sable. Du sang coula de sa poitrine. Tom hurla de douleur, et se débattit encore et encore, mais un coup de matraque lui fit perdre connaissance.

Il se retrouva en cellule, un simple hublot fermé de barreaux comme source de lumière. Il pleurait dans un coin, les fers au pied.
Il entendit alors des ailes frapper au hublot : Calice. Il était là, le regardant, ses serres accrochés aux barreaux.
« On ne t’oubliera pas, petit homme, et tu seras toujours le bienvenu sur ton île, Tom. »
Des coups de feu retentirent : des soldats tentèrent de tirer sur Calice. Tom l’entendit s’enfuir en hurlant : « Allez vous faire enculer ! Têêêêtttteeessss de mmmmoooooorrrrtttt ! ».

Tom fut fait prisonnier à la base militaire de San Francisco, et il fut condamné pour avoir déserté, et pour inaction envers l’ennemi. Deux mois plus tard, l’armistice avec le Japon fut signée. La guerre en Europe était déjà terminée.

Tom fut interné comme malade mental après avoir été obligé de raconter son aventure. Il sortit en 1947 des camps américains.

Alors qu’il marchait sur une avenue de Los Angeles, Tom s’arrêta devant une animalerie, il entendit une voix familière : « Vas te faire foutre connard ! J’en veux pas de tes graines à la con ! Tttttêêêêttttteeeeee de mmmoooooorrrrrttttt !!!!!!! ». Calice !!!!!!!! tous droits réservés

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