mardi 17 février 2009

OTIS REDDING

"Après, vous faites ce que vous voulez, je reste à mes cuivres et à ma batterie en bois."
OTIS REDDING « The Very Best Of » 1965-1967

Soul, R’N’B, Funk….Voilà des termes bien galvaudés ces derniers temps. Dominée par une scène Are Haine Bi et Rap, la musique d’aujourd’hui n’offre en radio qu’une bande de mickeys arrogants et machistes. Et pour cela, il n’y a pas besoin d’être noirs ou blancs pour l’être : dans ce cas-là, il y a parité.
C’est en voyant ces énièmes clips, avec gros 4X4 de blaireaux surchromés et pouffiasses en chaleur, que je me suis remis un petit Otis Redding.
Les cuivres claquent, la basse ronde ronfle sur une batterie impeccable, pleine de groove (le vrai, pas le pré-enregistré/pompé sur les JBs de James Brown), et la voix….
Alors que la plupart des chanteurs et chanteuses dits soul, les Mariah Carey, Justin Timberlake, Usher, Ashanti, et autres nullités de ce niveau vocalisent comme dans un cours de chant, Redding, lui, chante.
La voix de velours, les intonations puissantes, la justesse de la note… Il n’y a pas d’esbrouffe ici, pas de prouesse vocale inutile. Tout est puissance, et soul, justement.
Lorsque Otis emballe la machine sur « Shake » ou « I Can’t Turn It To Loose », c’est pour enflammer un rythme puissant, carbonisé par des cuivres en embuscade.
Et lorsqu’il ralentit le rythme sur « Pain In My Heart » ou « I Can’t Stop Loving You », c’est pour sussurer, supplier, prendre à la gorge. Lorsqu’il chante à l’oreille d’une jeune femme, ce n’est pas pour hananer comme un clébard qu’il a envie de lui bourrer le cul. Disons que Otis le fait de manière plus subtile. C’est finalement cela la séduction. On en arrive au même point, mais les femmes préfèrent ne pas sentir arriver le paquet trop vite. Un peu de charme, de tendresse, de douceur, que diable !
Pourtant, cette soul est brûlante, parce que sa connexion avec le blues et le rythm’n’blues est directe. D’ailleurs, le label de Redding, Stax, fut l’un des plus grands labels de musique noire des années 60 et 70. Il sortit ainsi indifféremment Sam And Dave et Albert King.
Mais ce qu’Otis proposa de plus, ce fut assurément la chanson « Sittin’ On The Dock Of Bay ». La soul, le blues se rencontrèrent sur un terrain plus pop, alors en pleine expansion avec les Beatles et les Rolling Stones, entres autres. Cette chanson, magnifique, est l’une des plus belles ballades de tous les temps. Celle d’un homme seul, émigré noir de sa campagne de Géorgie, qui se retrouve à San Francisco pour trouver du travail et se retrouve saisi par ce mal du pays qui ronge le cœur. La voix de Redding, feutrée, caresse à rebrousse poil l’auditeur imprudent. Parce que la douce mélancolie du morceau finit par saisir les tripes. On finit avec une petite boule d’épingles au fond de la gorge. C’est cela, la magie de la soul à Otis. La puissance de l’expression.
Si vous voulez savoir de quoi il en retourne, il existe une multitude de compilations, mais ce « Very Best Of »de quarante titres réunit l’essentiel, si ce n’est pas l’intégrale. En effet, Redding mourra en 1967 dans un accident d’avion, soit trois ans après son explosion commerciale. Il reste encore et toujours de la soul américaine des années 60, mythique, intouchable, qui, comme le blues, demeure une référence dans le genre.
Alors, la scène R’N’B actuelle peut toujours tenter d’inventer quoi que ce soit en y incluant du ragga (la plupart des nouveaux émigrés noirs sont de Jamaïque ou des îles dominicaines), mais l’histoire d’une communauté ne doit pas se rayer à grands coups de scratches. Après, vous faites ce que vous voulez, je reste à mes cuivres et à ma batterie en bois.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

ce mec est un vrai showman, je l ' ai vu dans des concerts archives, je le place au meme niveau que james brown !!!