lundi 30 novembre 2009

ASTRAL TRAVELER

"Le Rock’N’Roll a un rôle salvateur."


Il fait froid ce matin. Le jour se lève à peine. Le vent souffle dans les branches des arbres, dessinant des ombres sinistres et déroutantes sur le levée du soleil. Une nouvelle journée s’annonce. Au volant de ma voiture, je vois défiler la bande blanche de l’autoroute qui me mène inexorablement à mon travail.
Je ne suis pas très motivé en ce moment. Il faut dire que le contexte n’aide pas. Au bureau, tout le monde s’épie, se guette, bave sur les uns et les autres. L’ambiance est malsaine au possible. Je ne supporte plus. Je m’enferme dans mon bureau, je mets un fond de musique, je bois mon thé, et je me plonge dans mes dossiers, sans plus d’intérêt que cela. Il faut dire que cela aboutisse ou non, c’est pareil. Le monde change, l’administration est réorganisation depuis deux ans. C’est-à-dire que c’est un bazar sans nom. On ne comprend plus rien aux organigrammes, aux logos, aux différents services. On ne sait plus qui s’occupe de quoi. Du coup personne n’est vraiment responsable. Il faut voir les chefs de service se battre, manigancer, persifler afin d’obtenir les meilleurs postes pour leurs fins de carrière. Le reste, ils s’en foutent. Vraiment. La France dirigée par des séniors sans conscience professionnelle, c’est un désastre, partout. En politique, dans l’administration, dans la finance, dans les entreprises.
Cela peut paraître poujadiste et simpliste, mais, franchement, je suis constamment révolté par ce que je vois à la télé, ce qui sort de la bouche de nos hommes (et femmes) politiques, leur comportement désinvolte, carriériste, arriviste. J’ai l’impression de voir à la télévision ce que je subis au travail la journée.
Tout cela me dégoûte, et ce d’autant plus que je pense à ma fille, au monde que l’on va lui laisser. Déjà que tout cela sent la débandade organisée, alors, que feront nos enfants ? Resteront-ils passifs face aux abrutis qui nous dirigent ? Seront-ils comme nous, indifférents, mâchant leur colère dans leur coin ? Ou décideront-ils de mettre enfin cette société ultra-capitaliste à genoux afin de rétablir la justice humaine. Nous ne sommes pas des chiens. On nous rabat les oreilles de sécurité, de flics, de caméras, de banlieues, de sans-papiers, de traders invisibles, d’identité nationale et autres poncifs fascistes.
J’ai toujours aimé mon pays. Je me suis toujours intéressé à l’histoire. Les conflits mondiaux sont de grandes énigmes pour moi, ces grands conflits humains où le chaos total règne, et où l’homme semble seul face à son destin. Dans la violence et la difficulté, les vraies personnalités se révèlent, le courage, l’humanité ou l’inhumanité sont les seules règles.
Surtout, ce sont les conditions politiques qui aboutissent à ces bains de sang. Comment des diplomates, des démocraties arrivent-elles à s’embourber dans une telle fange de haine.
Sans doute parce que nous sommes dirigés par des cons. Vraiment. Parce que sur le front de 14-18, soldats allemands et français fraternisèrent, parce les allemands, après 10 ans d’intoxication médiatique (comme quoi, ce n’est pas nouveau), finirent par se rendre compte que leur Fürher était en train de les détruire, et qu’il était tout simplement fou. Suffisamment pour envoyer des gamins se faire massacrer en 1945. Qu’en serait il maintenant ? je préfère ne pas le savoir.
Alors l’art devient une alternative. C’est la bouée de sauvetage de la jeunesse. Depuis les années 60, le vrai art populaire, celui qui hurle le plus fort, qui dépeint les frustrations les plus profondes, c’est le Rock’N’Roll.
Hors, ces derniers temps, le Rock est à l’image de la société : insipide. Vraiment. C’est totalement affligeant. Citons un exemple. Alors que « X&Y » de Coldplay vient de sortir, je me surprend à fredonner quelques chansons. Bien qu’irréductible fan de musique 70’s, je tentai de rester en contact avec le rock moderne, histoire de ne pas manquer un bon groupe. Après tout, Led Zeppelin, les Beatles, ou les Rolling Stones vendirent des millions d’albums, donc, le succès est tout de même synonyme d’une certaine qualité.
Bien que très inspiré par le U2 de « Joshua Tree », quelques morceaux me parurent plutôt attrayants, bien que peu transcendantaux.
Finalement, je me pris à penser que le rock des années 2000 était plutôt pas mal. Sauf que j’aperçus Coldplay en live sur les NRJ Music Awards. Ils étaient nominés, et jouaient donc un titre en direct, de ce fameux dernier disque. Et là, ce fut la consternation. Coldplay fut d’une nullité redoutable : un batteur sans aucun sens du rythme, un guitariste médiocre avec un manche à balais dans les fesses, et un chanteur (qui plus est macrobiotique et tout, la zone), qui se roule par terre histoire de faire rebelle, mais dont le charisme ne dépassa celui d’un radis noir. Je découvris donc, où plutôt, il me fut confirmé que les groupes de rock modernes étaient des buses scéniques. Et cela est impossible. Car le Rock se joue avant tout sur scène. C’est une raison de vivre. Car le Rock, c’est l’expression de la rue, sa colère. Alors, cela se joue devant le peuple, histoire de lui faire cracher son venin, de lui extirper des tripes cette rage sourde qui nous mine tous.
Seulement voilà, le dernier U2, Coldplay, Prince, Gossip, Pete Doherty, Dead Weathers, ou n’importe quel tocard arty et poseur ne peut prétendre parler pour le peuple sans en sentir la sueur.
Il faut avoir humé ces relents de houblon, de cigarette froide. Il faut comprendre que le Rock n’est pas dans les clubs branchés parisiens, mais que la vraie colère se trouve dans les usines, chez Continental, ou chez Arcelor-Mittal.
Rory Gallagher joua régulièrement dans le Nord, pour les mineurs, parce que ceux-ci trouvaient dans le Blues de Rory un exutoire à leurs souffrances. Le Rock’N’Roll a un rôle salvateur.
Alors, ces derniers temps, le Rock semble revenir à la vie. Se gorgeant des années 70 rêvées, mélangeant Stoner, Desert-Rock à la Kyuss, et une indépendance d’esprit farouche digne de Jacques Tati, le Rock revit. Ils s’appellent Danava, Siena Root, Nebula, The Machine, Colour Haze, Wolfmother, Gentleman’s Pistols, Witchcraft, High On Fire, The Pretty Weapons….
Alors voilà, les prochaines chroniques vous feront éloge de ces groupes revigorants mais presque inconnus dont la musique est l’antidote à la merde que l’on nous déverse par tonneaux entiers dans les oreilles.

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1 commentaire:

The War Starter a dit…

Non rien, juste pour dire que tes billets et chroniques sont toujours impeccables !