samedi 14 novembre 2009

POINT BLANK

"Pourtant, j’aime le Blues. En fait, je pense qu’il s’agit surtout d’un état d’esprit."

POINT BLANK « POINT BLANK » 1976 et « SECOND SEASON » 1977

Le Rock Sudiste a toujours été une énigme pour moi. Autant je me suis retrouvé dans le rock anglais de toutes les époques, celui de Detroit, San Francisco ou New York, autant le Southern-Rock me laisse relativement froid.
Pourtant, j’aime le Blues. En fait, je pense qu’il s’agit surtout d’un état d’esprit.
Moi qui suis issu d’une famille de gauche plutôt tolérante, j’ai du mal à adhérer à cette congrégations de rednecks graisseux, racistes jusqu’à la moelle et beaufs de l’Amérique profonde, avec leurs flingues, leurs grosses Harley, et leurs gros pick-ups GMC.
J’associe souvent à cette image négative le Ted Nugent d’aujourd’hui, ce gros blaireau avec ses treillis, ses flingues, ses idées réactionnaires, et sa pseudo-éducation par la chasse.
Et puis j’ai gratté, et j’ai fini par faire preuve de discernement. En fait, les groupes sudistes sont avant tout des amateurs de blues et des bad boys du Sud des Etats-Unis, qui utilisèrent de manière malheureuse certains symboles de la Guerre de Sécession, et notamment le drapeau Confédéré de triste mémoire comme signe de ralliement.
Je dois bien vous l’avouer, je reste néanmoins prudent sur ce fait, car on n’utilise pas certains symboles avec autant de naïveté. C’est ce qui a sans doute fait que le genre a été rapidement rattraper par tous les blaireaux racistes de l’Amérique profonde.
Malgré tout, je dirais avoir effectué un tri. Ce dernier fut avant tout musical. Par exemple, Lynyrd Skynyrd ne m’emballe pas plus que ça. Il y a bien quelques chansons comme « Simple Man » ou « Sweet Home Alabama » que je trouve bien, mais le reste me gonfle un peu. Je n’ai trouvé chez eux ni de mélodie fameuse, ni de rock particulièrement puissant comme il semble pourtant vouloir le faire croire. De plus, leurs improvisations musicales m’ont toujours paru un peu faibles par rapport à d’autres comme celles du Allman Brothers band, que j’ai toujours trouvé fameux.
Toujours est-il que j’ai préféré les seconds couteaux du southern-rock, et notamment Blackfoot, Outlaws, 38 Special, et les meilleurs d’entre eux : Point Blank.
Ce formidable quintet me réconcilia immédiatement avec le genre : mélodies imparables, soli lumineux, voix en acier trempé, riffs gras, et surtout une absence totale de symboles sudistes, à part les stetsons et le son.
Le groupe composé de Rusty Burns et Kim Davis aux guitares, Peter Gruen à la batterie, John O’Daniel au chant, et Philip Petty (qui porte bien son nom !) à la basse, eut le malheur de vivre dans l’ombre de ZZ Top.
Formé en 1974 à Huntsville dans le Texas, ils sont repérés par Bill Ham, le producteur des trois barbus. Ce qui semblait être une formidable opportunité va s’avérer être un chemin de croix. En effet, trop doués, les cinq gaillards font de l’ombre à ZZ Top alors qu’ils assurent leur première partie sur l’énorme tournée du trio en 1976. Ham va donc consciencieusement les glisser sur une voix de garage, avant de les lâcher.
Que reste-t-il alors de ce gâchis ? Un certain nombre d’albums, qui ont tous un intérêt, car tous dotés d’au moins une poignée de bonnes chansons. Mais les deux premiers albums sont incontestablement des sommets du genre.
« Point Blank », qui paraît en 1976 avec sa pochette représentant un canon de fusil pointé sur le nez du propriétaire du disque, affiche la couleur. Dés le riff de « Free Man », on comprend que l’on a affaire à du méchant. Riffs gras, voix puissante, et soli magiques, le tout poussé par une rythmique en béton armé, on ne voit pas ce qui leur résisterait. J’ai personnellement toujours eu une préférence pour le titre « Wandering » : intro qui déboule au galop, couplet chanté blues sur un tapis de guitare acoustique, puis reprise avec à chaque fois, un solo – leçon de feeling. Il faudrait tous les citer, mais ce disque est un sacré condensé de rock’n’roll et de blues.
Après cela, Point Blank pouvait presque se reposer sur ses lauriers, mais il n’en est rien. Le groupe aligne « Second Season » en 1977. Le disque est, en apparence, moins électrique. Chaque titre est en effet traité avec un tapis de guitare acoustique qui donne un atour country-blues à l’ensemble. Mais attention, on a affaire à de la bonne guitare acoustique. Il suffit d’écouter l’intro de « Part Time Lover » pour bien comprendre.
Les guitares électriques sont évidemment en embuscade, et ce dés « Back In The Alley », monstrueux blues rageur, aux harmoniques impressionnantes. L’harmonica ramène également sa fraise, pour ajouter à la teinte blues de très grande classe. Il y a bien sûr le formidable « Stars And Scars », longue plainte guitaristique de neuf minutes qui laisse « Free Bird » sur place. Si "Point Blank" était un album direct, coup de feu, sans fioriture, "second season" déploie toutes les qualités émotionnelles du blues-rock dit sudiste. On y ressent les grands espaces, la mélancolie intense des hommes subissant les affres de la vie. Les mélodies, superbes, surpassent les autres formations d'une tête, et transcendent le genre pour en faire un joyau de l'histoire du rock, tout simplement.Là encore, le groupe enfonce le clou, et l’on se dit que c’est joué. Mais hélas non. Ponit Blank va se planter commercialement. Cet échec provoque des remaniements de line-up, et notamment l’arrivée d’un clavier.
La suite, bien que bonne, n’atteindra pas ce niveau-là. Le groupe s’enfoncera progressivement dans un heavy-rock commercial, et ce, sans trouver plus de succès.
Point Blank disparaît en 1982. Le line-up du premier album se serait reformé depuis pour quelques concerts. Espérons un live bientôt.
Il reste aujourd’hui ces fabuleux disques, riches et denses, symboles éclatants de ce qu’aurait dû être le Southern-Rock : une formidable synthèse musclée des musiques du Sud des USA. Si l’objectif musical fut atteint, il faudrait que certains rednecks n’oublie pas que le Blues était avant tout joué par … des Noirs.
tous droits réservés

2 commentaires:

rebeltrain a dit…

ah point blank un de mes groupes favoris.moi je conseille a tes lecteurs l' album second season qui est une tuerie.j ai vu ce groupe il y a deux ans maintenant et cela reste un de mes meilleurs souvenirs car que ce soit phil petty ou rusty ou bien john o d ce sont des mecs supers cools avec qui j ai pu bavarder un peu vivement qu ils reviennent en france et qu on boive une mousse ensemble !! a+ rebeltrain

Anonyme a dit…

Oui, probablement il est donc