vendredi 11 décembre 2009

NEBULA

"Nebula, c’est un heavy-rock redoutable, brûlant, vous emportant au-delà de votre univers étriqué et réglementaire."

NEBULA : « Peel Sessions » 2008

Commençons cette première étape du nouveau Rock par un groupe pas vraiment récent. Pourtant Nebula est un chaînon essentiel de la musique Rock moderne et de qualité. Son fondateur, Eddie Glass, ancien guitariste des greasers de Fu Manchu, décide de fonder avec le batteur Ruben Romano son trio de Stoner-Rock, comme on l’appelle à l’époque, c’est-à-dire en 1997. « Let It Burn » paraît, puis, bien d’autres disques, mais la production Stoner est alors telle que je me perd, et d’autres horizons purement 70’s m’attirent davantage.
Nos routes se recroisent récemment, pour la sortie de ce disque. Bien que puissant, heavy et inspiré, Nebula ne manquait pas de défaut. D’abord, il y a la voix un peu traînante de Glass, pas toujours fascinante, et ces riffs sabbathiens pas toujours bien recyclés.
Le vrai avantage de ces Peel Sessions, c’est quelles montrent le groupe dans un contexte live propre, avec un seul objectif, séduire les auditeurs de la BBC, mais aussi et surtout John Peel, vénérable institution Rock anglaise, qui passa sa vie à enregistrer et diffuser les plus grands. Mais surtout, il fut l’un des seuls grandes personnalités des médias musicaux à défendre le Heavy-Rock psychédélique dans les 70’s qui donna naissance au Doom, puis le Stoner, dont il était un fan inconditionnel.
Nebula était l’un de ses protégés, pour leurs incroyables capacités en live, évidentes ici. Ce disque n’est donc pas un simple enregistrement public, mais une révélation. C’est celle du talent d’un groupe formidable, mis en difficulté par les changements de line-up, mais dont la flamme ne s’éteint jamais.
Ainsi les bandes s’étalent entre 2001 et 2004. Elles sont toutes de qualité et d’une incroyable homogénéité.
Nebula est un groupe de Stoner, c’est-à-dire que sa musique prend racine dans Mountain, Blue Cheer, Pentagram, Sir Lord Baltimore, Pink Floyd période 1968-1972, The Who, Pink Fairies et une myriade de groupes heavy-psyché. Pour vraiment résumer, le Stoner est avant tout un retour aux vrais bases du Rock. Il est une extension redoutable d’une musique à la fois populaire et élitiste par les formations dont il se réclame descendant. Pourtant, il en est le parfait exemple de la vraie bonne digestion – inspiration.
Mais les noms des groupes précédemment cités n’intéressent que les amateurs, et en l’an 2000, tout cela sent le renfermé. Il y a bien quelques images d’Epinal, comme les Beatles, les Rolling Stones, Lou Reed, Iggy Pop… Mais le vrai souci, c’est que le Stoner régurgite ses influences avec la même hargne qu’en 1971, mais avec le matériel moderne.
C’est-à-dire de manière totalement incorrect. Il faut alors couronner le tout d’une imagerie faite de bagnoles 70s, de filles chaudes et allumées, de drogues douces, et de comics délurés. En gros, un total irrespect de la morale et de l’ordre établie.
Vous voulez une image ? Bon alors, laissez-vous poussez les cheveux, la barbe et les rouflaquettes, sautez dans un jean et des tennis, et prenez le volant d’un Chevrolet Camaro 1971 avec son V8 6 litres, et lancez-vous sur une autoroute à 160 km/h. Au bord d’une route déserte, dans un canyon, vous prenez en auto-stop une petite brune de 20 ans. Elle a un short en jean coupé ras la salle de jeu. Elle a des talons aiguilles et un décolleté vertigineux, d’où sortent ses seins gonflés de désir, fermes et humides. Elle est belle, sauvage.
Elle monte dans la Camaro. Elle est désinvolte. Elle est brûlante, mais vous n’êtes pas dupe. Peu importe cette petite coquine qui se dandine sur le skaï à côté de vous, cherchant dans son sac sur la banquette arrière on ne sait quoi, et vous collant ses fesses bombées sous le nez.
De toute façon, vous préférez la route et le rock’n’roll. Bon, elle vous trouve mystérieux, séduisant. Votre côté loup solitaire, et votre belle bagnole lui font un effet redoutable. Et finalement, l’avantage de la Camaro 1971, c’est que la banquette arrière est spacieuse…
Bref, Nebula, c’est un heavy-rock redoutable, brûlant, vous emportant au-delà de votre univers étriqué et réglementaire. Vous brûlez de la gomme, collez une main aux fesses de la jolie secrétaire de direction qui vous prend pour un tocard, et dites merde pêle-mêle à votre chef, votre belle-mère, ou votre femme qui vous fais chier à vouloir aller chez IKEA un dimanche.
Eddie Glass est un prodigieux guitariste, au son inimitable, gras, épais, entre fuzz, décharges de wah-wah, et distorsion foudroyante. Le sommet impeccable reste cet incroyable version de « So It Goes », allumant sur les bords un autre groupe prodigieux, High On Fire.
C’est aussi et surtout l’occasion d’écouter ce groupe exceptionnel dans le contexte de la scène où il excelle, mais avec une prise de son impeccable.
Enfin, Nebula est un précurseur et un pilier essentiel de la scène Stoner-Rock, qui malgré les années, ne perdit jamais ni son identité, ni sa folie créatrice.

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