jeudi 29 avril 2010

JOE WALSH

bonjour mes cher(e)s ami(e)s,
D'abord, excusez-moi du peu de présence dont je fais état sur ce blog en ce moment, mais j'ai eu comme un gros souci, soit le crash de mon disque dur contenant l'ensemble de mes articles, photos et musiques. bref la merde totale. Heureusement, après un peu de persévérance, j'ai réussi à tout récupérer, et donc, Electric Buffalo, c'est reparti !

Et pour bien reprendre voici :
"Quand on écoute Joe Walsh, mille images se bousculent, entre belles bagnoles, jolies filles perdues, grandes étendues sauvages et belles plages de sable fin. "

JOE WALSH : « Look What I Did – The Joe Walsh Anthology » 1995

Je n’ai pas l’habitude de chroniquer des anthologies ou des best-of et autres very definitive collection of the millenium qui ne sert qu’à patienter pour la prochaine. Je préfère en effet chroniquer les albums originaux, même si ceux-ci ne sont pas tous exempts de quelques imperfections.
Mais force est de constater que j’aime celle-ci, d’autant plus qu’elle regroupe le meilleur de ce bonhomme que j’apprécie particulièrement.
Pas que je sois un fan des Eagles, ça se saurait. Je n’ai rien contre eux, mais leur musique ne me transcende pas réellement, bien que très bien écrite, interprétée et agréable à écouter. En fait, dans le cas du Rock californien estampillé 75-80, c’est que contrairement à l’image d’Epinal qui en est véhiculé, il ne me donne pas envie de prendre la highway à travers les grands espaces US.
Le seul qui me donne cette envie, et qui me fait déambuler dans mes songes (pas bon, ça, au volant), c’est bien Joe Walsh. J’entends ici la période qui va de 1969 à 1978, avec quelques incursions dans le début des années 80, mais à petite dose. C’est-à-dire le meilleur du James Gang, de Barnstorm, de Walsh solo pré-Eagles. Passé cette date, l’homme a tendance à plonger dans certaines facilités musicales sans doute générées par ses nouveaux compagnons de jeu et surtout l’impressionnante quantité de dope et d’alcool que le blond moustachu va se mettre généreusement dans le cornet.
Rappelons les faits : Joe Walsh est le guitariste fondateur du James Gang, trio de rock américain faisant preuve d’une habilité incroyable pour mélanger Blues-Rock hargneux et une certaines finesse de jeu qui sort déjà des ornières du Blues-Boom anglais, sans pour autant tomber dans les travers de la démonstration gratuite et du délire psyché. Suivez mon regard, et vous devriez apercevoir Cream et Jimi Hendrix. En fait, ce rock américain carré et inspiré, superbement produit par Bill Szymczyk (à mes souhaits) va définir le rock américain des dix années à venir, et notamment celui d’un certain Eric Clapton sous le nom de Derek notamment.
Le James Gang oscille alors entre rocks hargneux et ravageurs, riffs serrés et rythmique brutale, et chansons délicates faites de guitares acoustiques, d’orgue Hammond et d’arrangements de cuivres. Le tout porté par un sens du groove indescriptible, quasi-addictif. Les deux facettes sont superbes, et ouvrent une voie royale vers un rock d’une classe absolue. D’ailleurs, beaucoup ne s’y tromperont pas : Peter Green alors encore dans Fleetwood Mac jammera avec eux et les prendra en tournée avec lui aux USA, tout comme Clapton,. Et Pete Townshend des Who déclarera que le James Gang est le meilleur groupe de son époque (on est en 1970, rappelons-le, et la concurrence est serrée).
James Gang publie trois albums superbes, dont « Rides Again » en 1970, leur chef d’œuvre (par ailleurs chroniqué dans ces pages), qui comprend le monument « The Bomber », terrifiante odyssée d’un pilote de bombardier durant la Seconde Guerre Mondiale, et « Funk #49 », vrai funk-rock génial, et pas un simple pastiche négroïde. D’ailleurs, « Funk #48 » sur le premier album préfigurait ce titre formidable. « Thirds », paru en 1971, dévoile quelques pépites Hard-Rock comme le génial « Walk Away ». Mais il y figure de superbes pépites de délicatesse comme « It’s All The Same » ou « Here We Go ».
Puis, en désaccord avec ces deux compagnons de route, le batteur Jim Fox et le bassiste Dale Peters, et désireux de défricher ce Rock majestueux vers lequel il tend au détriment du côté rugueux et bluesy, Walsh quitte le Gang. Il fonde Barnstorm, et offre deux beaux disques en 1972 et 1973, qui apportent quelques mégalithes musicales à sa carrière, confirmant tout le bien que l’on pensait de lui.
Ainsi, « Meadows », « Rocky Mountain Way », « Turn To Stone » ou “Mother Says” sont de superbes concentrés de mélodie, de Rock, d’arrangements finots, et de virtuosité discrète mais efficace, à commencer par la talk-box dont Walsh se sert bien avant Peter Frampton et un chouilla avant Jeff Beck (là, ça se compte en semaines).
Toujours est-il qu’avec Barnstorm, Joe Walsh impose son style unique fait de rythmes et de riffs Rock, collés sur une rythmique plutôt Soul, mid-tempo mais vrombissante, et où brille des superpositions de riffs et d’arpèges de guitares soutenus par des claviers discrets, et autres milles trouvailles électriques qui font de la musique de Walsh un émerveillement sans fin. Il y a aussi cette voix haut perché et nasillarde unique, qui ne blesse pas mais complète superbement cet univers magique.
Quand on écoute Joe Walsh, mille images se bousculent, entre belles bagnoles, jolies filles perdues, grandes étendues sauvages et belles plages de sable fin. Et puis il y a ce spleen permanent, comme si cet univers cachait mille blessures.
C’est particulièrement vrai pour « County Fair ». Ce titre est un bijou absolu, un imbriquement d’arpèges de guitares, de slide délicate, de soli lyriques, de basse épaisse et de friselis de cymbales délicats. Il est la bande-son absolu de ce verre que vous boirez, un peu amère, le long de la Côte, lorsque cette jolie fille sexy et plantureuse vous aura signifié sa fin de non recevoir polie mais implacable, et que vous avalerez la mâchoire serrée, loser ultime. C’est aussi celle de ces fantasmes que l’on a pendant quelques minutes, lorsqu’une jolie demoiselle vous sourit, et disparaît dans la foule, vous laissant à votre quotidien sans âme. C’est également ces kilomètres d’autoroute que l’on enfile pour le travail, et qui par la musique se transforment en cet instant de méditation intérieure dans laquelle s’entremêlent soucis du quotidien et cette envie d’ailleurs.
On trouve notamment cette chanson sur l’album « So What » de 1974, superbe disque qui compte également « Rocky Mountain Way » ou le très bon « Welcome To The Club ».
Par contre, ce que je ne vous avais par encore dit, c’est que Walsh est un petit rigolo, et qu’il aime bien s’amuser sur ses disques. Le premier disque du James Gang alternait ainsi titres géniaux et petits intermèdes classifiants, pochades d’étudiants qui ne fit finalement rire que Walsh. C’est également le cas sur ce « So What », en plus modeste néanmoins, ce qui contribua sans doute à écarter ce disque des meilleurs de tous les temps par la chronique de bon goût, à moins que ce ne soit l’écoute répétée du dernier U2 qui ait provoqué une surdité sélective chez certains branchés à lunettes noires.
Ce qui stupéfie finalement chez Walsh, c’est l’aridité qui ressort de sa musique, ainsi que cette sensation d’espace immense, paradoxalement à la richesse de l’instrumentation et du jeu, qui en font des sortes de cathédrales sonores odes à l’ivresse de liberté.
La suite se révèlera largement moins captivante à mon goût, c’est-à-dire la période post-embauche chez les Eagles. L’homme fait face au succès immense, à la gloire, à la dope, et à toutes sortes d’excès de superstars dont il n’était finalement pas vraiment préparé malgré le très bon succès du James Gang et de ses disques solo.
Pourtant, cette anthologie prouve que l’homme avait encore des choses à dire, et définit une bonne sélection des trois disques parus entre 1978 et 1983. Walsh commence à se permettre quelques facilités, incluant un peu de reggae par ci, un peu de synthé par là. Preuve de la confusion qui règne dans l’esprit de Joe, il décide de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle américaine de 1981. Il se ridiculisera un tant soit peu, incapable de faire autre chose que le pitre cocaïné.
La qualité de sa musique subit parallèlement les affres de l’époque, soit le synthétiseur et les mélodies FM. « Life’s Been Good » a de bons moments, mais n’est pas au dixième de la hauteur de ses prédécesseurs. La suite ne fera que confirmer cette descente aux enfers synthétiques, et seuls quelques titres rappellent combien Joe Walsh est un sacré rocker. Ainsi, « I Can Play That Rock’N’Roll » de l’album “You Bought It You Name It” en 1983 en est la preuve, éclair de lucidité avant la disette artistique que sont “ILBT’s” ou « Space Age Whizz Kid », tous deux navrances sonores à base de synthés hideux. Les titres suivants ne font que confirmer le naufrage, littéralement pourris de synthés et de mélodies grotesques qui serviront notamment de BO à « Karate Kid », si vous voyez ce que je veux dire. Les sept derniers titres vous serviront donc de vaccins et vous éviterons fort judicieusement à ne pas consacrer le moindre centime aux disques postérieurs à 1983.
Il reste le passé, à savoir de superbes titres, des mélodies charnues, des merveilles soniques, ivres de Rock, de liberté, et d’une certaine forme de Blues. Joe Walsh fait ainsi partie de mon panthéon des grands guitaristes oubliés ou considérés comme de second ou de troisième ordre. Il partage ainsi la place avec Peter Green, Stan Webb, Tony Iommi et Paul Rudolph.
Joe Walsh est néanmoins celui qui semble avoir atteint sa quête musicale personnelle au bout de six albums, ce qui est ma foi déjà une belle page de musique.
tous droits réservés

Aucun commentaire: