jeudi 24 juin 2010

REACTION

FRANCE INTER OU LE RETOUR DE LA CENSURE PROPRE

Je dois avouer avoir du mal à m’exprimer sur le sujet politique. Pas que cela ne m’intéresse pas, mais je m’emporte vite, les sujets d’exaspération étant légions ces derniers temps. Néanmoins, j’ai ressenti le besoin d’évoquer le licenciement hier de Stéphane Guillon de France Inter, ainsi que de Didier Porte.
A l’heure où le peuple voit ses avantages sociaux disparaître comme neige au soleil au nom des sacro-saintes économies (réformes de la sécu, des retraites, privatisations des services publics au profit de grosses sociétés…), pendant que les banques et les entreprises pillent les caisses de l’Etat avec le consentement du gouvernement, ces deux hommes étaient une petite lueur de contestation.
Guillon, comme Porte, n’étaient pas que des comiques. On goûte ou pas leur sens de la dérision et de la provocation, mais ces deux-là étaient surtout une petite brise de contestation politique. Foncièrement de gauche, intelligents, ils n’hésitaient pas à pointer d’une plume acide sur les pires médiocrités de nos dirigeants, tournant en dérision, mais avec virulence une bande de parvenus à la solde de quelques grandes puissances financières.
Littéralement pourris jusqu’à l’os, n’ayant plus honte de rien, nos politiques se contrefichent de nos problèmes. Au pire daignent-ils un brin s’y intéresser en campagne électorale, mais vraiment à peine, aux vues des chiffres d’abstention de ces trois dernières élections. Ainsi, si on en juge l’affaire Woerth, les cigares de Christian Blanc, l’appartement d’Estrosi, les cumuls de retraites d’élus-salaires de ministres d’Alliot-Marie, Boutin, ou Bachelot qui tâtent 15000 € par mois, les débats fascistes de Besson…. Il est évident que le gouvernement, avec ses leçons de morale sur la rigueur se fout totalement de notre gueule.
Et que dire lorsque l’on sait que les exonérations de charge des entreprises sont payées par la Sécurité Sociale (d’où le trou, qui équivaut justement au montant annuel de ses charges), des banques archi-bénéficiaires en 2009 et le cadeau de Sarko de 50 milliards sur nos deniers. Et ne parlons pas de la grippe A, la taxe carbone dont on a jamais su à quoi elle servait concrètement pour l’environnement….
Stéphane Guillon et Didier Porte démontaient consciencieusement, avec beaucoup d’intelligence, mais aussi un brin de provocation tous ces mécanismes, avec humour mais aussi avec précision tous ces travers, toutes ces escroqueries officielles, et ce avec davantage de panache que n’importe quel journaliste.
Et c’est sans aucun doute cela qui gênait. On a mis en avant les insultes, les « J’encule Sarkozy », les « tête de fouine », tout cela sortit de leur contexte. Mais tout cela n’est que prétexte. Certes, leurs propos étaient parfois froids et cinglants, mais il n’était que la réponse au cynisme de nos politiques, bien plus violent que ces quelques chroniques humoristiques. Car finalement, en terme « d’insultes », Laurent Gerra devrait être mis au pilori, faisant raconter les pires horreurs aux personnages qu’il imite. Et puis Anne Roumanoff, elle aussi est piquante chez Drucker.
Seulement voilà, chez ces deux-là, l’analyse politique n’est pas du niveau de Guillon et Porte. Ils ont tenté de dénoncer avec leur humour les travers du système, et ont quelque part tenté de créer un contre-pouvoir qui semble, aussi petit soit-il, déranger.
Le plus ironique là-dedans, c’est que c’est Philippe Val, rédacteur-en-chef de Charlie Hebdo, qui les a viré. Lui qui se gargarisa de liberté d’expression et d’être de gauche, tout cela est tragique. Et il sert même de caution morale, puisque finalement, un homme de gauche ne peut pas avoir écarté deux comiques de gauche pour leurs idées. Seulement voilà, en ce bas-monde, les gens indépendants voulant faire avancer la société ne sont pas les bienvenus. Et Guillon et Porte sont les deux martyrs médiatiques de ce courant de fascisme ambiant, propre sur lui, le pli sur le pantalon et les manches de chemises (brunes). Et le pire, c’est qu’ils n’auront aucun soutien, au nom du politiquement correct. Mes amis, il va être temps de faire la révolution.
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2 commentaires:

http://freaksaudio.blogspot.com/ a dit…

Salut,
Que c'est bien dit tout çà !
espèrons que la gauche réunifiée revienne bientôt, remettre un peu d'ordre et de morale dans tout ce bazar. Car, on peut décemment dire que les affaires à gauche sont plutôt rares et en dessous de toutes les saloperies faites depuis l'élection de Nicolas 1er roi de Sarkozye. Non seulement, l'état nous tond, mais en plus il nous fait crever au boulot sans aucun état d'âme...
Qu'on les mette un mois au smic, pour voir comment ils feraient pour vivre tous ces nantis, cumulards, pantouflards et usurpateurs de mandat électoral.
Le pire a été franchi et l'espoir de voir se rebeller les braves gens commence à pointer le bout de son nez.
Courage, fuyons !!!
Jean-Michel

JP a dit…

Salut Julien,

bien d'accord avec toi sur tout.
Et Philippe Val, quand il faisait dans l'humour, ça donnait ça :
http://www.infos-des-medias.net/mt-static/FCKeditor/UserFiles/Image/val-leotard.jpg"
(Léotard était miniistre à l'époque)