vendredi 28 janvier 2011

ROD STEWART

"Il est des beaux disques. "


ROD STEWART : « An Old Raincoat Won’t Ever Let You Down » 1969

La mer gronde sous le ciel gris aux couleurs de plomb. Les vagues s’écrasent sur la jetée, ensevelissant les gros rochers bruns couvets d’algues moussues. Les petites maisons aux toitures d’ardoise se fondent dans ce ciel de tempête, sombres et rustres.
Les pins et les chênes de colline qui ferme le port se couchent sous les assauts du vent. Ils n’ont aucun mal, ils en ont déjà pris la forme, malmenés tout au long de l’année par ces vents du large qui sentent les embruns salés.
Je jette un dernier regard sur l’horizon. Je ne peux m’empêcher de trouver ce paysage pourtant pluvieux et torturé fantastique. Il y a quelque chose de magique, de mystérieux dans ces pays celtes chargés d’histoire et de légendes. L’Ankou, la mer, les pêcheurs, les druides, les voyages.
Là-bas, il y a l’océan, et ce continent où l’on continue à dire que tout est encore possible. C’est l’Amérique, les USA. Et puis, plus près, c’est la grande sœur, la Grande-Bretagne, Albion la perfide.
J’aime cette terre. Je pourrais m’y promener des jours entiers, la tête dans mes pensées. Mais je me dois de retourner dans la bourgeoise Bourgogne, ces vins, ces châteaux, ses Ducs, et ce quelque chose de magique, de païen, qui n’existe pas ici.
Je me suis parfois demandé quel disque pouvait être le plus fantastique vecteur de rêve celte. Celui qui respire le plus la lande bretonne ou galloise, comme la sueur et la crasse des quais et usines de ces ouvriers, fier moteur de la vie d’un pays. Les chansons, les promenades simples au bord de la mer ou dans la forêt, les pintes de bière avec les copains, les sourires des jolies rouquines qui dansent et réchauffent le cœur de ces hommes bourrus mais tendres.
Je n’ai jamais trouvé la musique celtique représentatives de ces horizons. Ce que l’on daigne bien nous offrir n’est que bastringue de foire à base de bière brune. Les Chieftains, voire les Pogues (avec des pincettes), mais aussi Alan Stivell, ont fait beaucoup pour me faire aimer cette musique. Le Festival Interceltique, et les Corrs beaucoup moins.
En fait, celui qui a toujours le mieux représenté cette âme, ces images que j’avais en tête n’était autre que …. Rod Stewart.
Cri, éructation de breton fier, insulte d’Irlandais piqué au vif. Rod Stewart. Vous avez raison, mes amis, de lever le joux. Lui ? Ce pitre disco ? Ce guignol FM peroxydé qui n’eut qu’un seul rôle majeur dans les années 80 : déclencher le Grunge avec une hargne redoublée à la vue de ses clips MTV en costard lamé rose et filles en bikini au bord de la piscine ? Ce ringard ultra-violeté qui se prend pour le nouveau Frank Sinatra en publiant en quelques années pas moins de six recueils de song-books aussi inutiles que dépourvus de la moindre âme.
Oui, mes amis, Rod Stewart. J’aime Rod Stewart. J’adore Rod Stewart ! Mais jusqu’à 1974. Ah. Oui, parce que figurez-vous que l’homme fut excellent pendant une petite dizaine d’années. Un génie absolu même. Surtout, une voix, la voix de tous les prolos.
Rod, chanteur de Blues contraint de se taper toutes les galères, les simples Mods, les groupes sans lendemain qui firent pourtant des étincelles dans les clubs, et puis le miracle : le Jeff Beck Group.
Le garçon corsa de sa voix éraillée exceptionnelle deux disques merveilleux, aux limites savoureuses et sans fin : « Truth » en 1968 et « Beck Ola » en 1969. Le quatuor aurait dû mettre à genoux le public du Festival de Woodstock, carbonisant Ten Years After, les Who, Mountain, Jimi Hendrix et bien d’autres par la quintessence du Heavy-Blues. Mais le quatuor se sépara trois semaines avant, détruisant tout espoir. Rod est un tocard ? Jeff Beck est sûrement une sacrée tête de con. Le résultat est sans aucun doute l’échec d’un groupe formidable, et celui de deux carrières solo qui auraient eu un autre aspect avec un tel prestige. Mais qu’importe.

Rod Stewart est à Londres en 1969. Sacrée année. Les Hippies meurent dans leur tombe de dope, achevés par les Satanic Majesties à Altamont en décembre. Les Stooges et MC5 ont foutu le feu à Detroit. Led Zeppelin brûle les terres sauvages de son Ha rd-Blues incandescent.
L’expérience Jeff Beck Group faillit se poursuivre lorsque Beck voulut fonder un super-groupe avec la section rythmique de Vanilla Fudge, soit Tim Bogert à la basse et Carmine Appice à la batterie. Stewart devait être de la partie, mais il ne supportait plus le climat pesant qui régnait avec Beck. Le chanteur avouera ne pas avoir regardé le guitariste dans les yeux en deux ans et demi, de peur de croiser son regard dur et inquisiteur. Pas assez cool, pas assez rigolo. Il préférait de loin la compagnie de son copain Ron Wood, rencontré en 1964 dans un pub, et bassiste du Jeff Beck Group première mouture. Il n’était pas forcément le meilleur musicien du monde, mais au moins, il savait s’amuser.
Lorsque Lou Reizner, le patron de Mercury, propose un contrat d’artiste solo après avoir entendu Rod sur le premier album du Jeff Beck Group, « Truth » en 1968, le blond écossais saisit sa chance. Néanmoins, il devra attendre juillet 1969 pour pouvoir en profiter, la faute à d’autres engagements discographiques exclusifs.
Il engage alors à ses côtés une bande de copains, et pas les moins talentueux. Ron Wood est de la partie, à la guitare et à la basse, bien évidemment. Autre revenant du Jeff Beck Group, Mick Waller, batteur sur le premier album, et percussionniste sous-estimé mais absolument époustouflant. D’autres compagnons de route miraculeux se joignent à ce petit gang. On note ainsi la présence d’un certain Martin Pugh, guitariste maestro-mysterioso du formidable Steamhammer (mais cela, vous le savez déjà). Ian MacLagan est aux claviers. Il est l’ancien pianiste des Small Faces, et futur des Faces, groupe qui rassemble les anciens Small Faces hormis Steve Marriott parti dans Humble Pie. MacLagan, Kenney Jones et Ronnie Lane deviendront les Faces avec l’arrivée de … Rod Stewart au chant et Ron Wood à la guitare. Quand je vous dis que c’est une bande de copains ! Il y a aussi Martin Quittenton à la guitare acoustique, petit prodige du Folk-Blues anglais de l’époque. Il est notamment guitariste du Steamhammer pré-71, et sera co-auteur de la chanson « Maggie May » de Rod.
Ce disque est superbe. Parce qu’il est d’une simplicité, d’une humilité qui fait qu’on l’écoute avec ce plaisir du petit trésor pour petites gens, que ni les branchés, ni les it-girls, n’écouteront jamais parce que, c’est écrit, cet album, et Rod Stewart période Blues ne sera jamais à la mode, de tous les temps à jamais. Ecrivez cela, prolétaires du monde entier : ce disque vous appartient pour toujours, celui-là, et puis les trois suivants, dont nous reparlerons sûrement.
Soyons franc : Rod Stewart n’est pas trop un compositeur. Il écrit ici avec Wood la moitié du disque, ce qui est toutefois fort honorable si l’on compare à un disque de Johnny Hallyday à la même époque (pardon).
Tout débute par une somptueuse reprise du « Street Fighting Man » des Rolling Stones. Rod Stewart et Ron Wood y injectent la dose de Blues et de rugosité prolétaire qui manquait à cette chanson. Tout débute sur une guitare acoustique qui part en slide. La batterie est franche, carrée, sèche, puissante. Wood tient la basse, et fait ronfler les amplificateurs. La version semble Country-Blues, mais éclate sur son final par le riff de Keith Richards à la note près. Woody semble né pour jouer dans les Rolling Stones, maîtrisant cette science du riff crasseux comme jamais.
La suite voit l’enchaînement de deux superbes titres très différents mais étrangement complémentaires à mon cœur. Le premier est le superbe Folk-Blues « Man of Constant Sorrow », empreint d’une mélancolie magique, à la fois pétri dans le Blues et cette âme typiquement britannique. Cette chanson est de ces mélodies que l’on siffle pour se donner un peu de courage le matin en allant au boulot.
Le second est « Blind Prayer ». Rock hanté, sa ligne mélodique n’est pas sans rappeler le meilleur de Steamhammer, mais celui à venir. On y trouve la profondeur de la guitare, et cette rage teintée de résignation, cette envie de fuir vers la liberté, cette ponctuation dans l’espace-temps. La guitare de Martin Pugh y brille de mille feux, imposant au passage son empreinte de compositeur hors pair. La voix de Stewart est faite de la colère du prolétaire.
« Hanbags And Gladrags » est une jolie chanson calme où le piano se fait classieux et les hauts-bois viennent apporter leur touche de noblesse et de velouté de pop anglaise. Elle prouve surtout une chose, c’est que Rod Stewart est capable de chanter m’importe quoi avec un talent incroyable, ce qu’il prouvera par ailleurs hélas durant les trente dernières années, en chantant surtout n’importe quoi. Après les suffocants titres précédents, cette belle chanson est une belle contemplation de la campagne anglaise.
« An Old Coat Won’t Ever Let You Down » est un boogie efficace, réjouissant, mêlant à la fois le Blues anglais et le Folk écossais. Joyeuse, entraînante, elle est une marche, celle qu’il faut chanter à côté de votre voisin à casquette, I-Phone vissé sur les oreilles, et à travers lequel éructe en sourdine du Black Eyed Peas. Il est même probable que la jolie brune à frange en face de vous n’esquisse pas un sourire tendre de ses grands yeux bleues.
De l’Ecosse, « I Wouldn’t Ever Change A Thing » en propose la traversée de la lande, le nez dans le vent frais et la tête dans le soleil pâle.
La puissance du Heavy-Blues revient avec le superbe « Cindy’s Lament ». Là encore, Martin Pugh fait parler la poudre, soutenu par la basse rugueuse de Ron Wood. Entêtant, rageur, il est une explosion de guitares et de piano. Et je vous ai dit combien Mick Waller est un batteur exceptionnel, d’une richesse rythmique inégalable.
C’est l’ultime colère avant le feutré et judicieux « Dirty Old Town ». Cette chanson traditionnelle a ici toute sa place, dans ce beau mélange de Blues, de Rock et de Folk. La mélodie prend ici des atours presque jazz, avant que guitare et harmonica croisent le fer, voyant la silhouette de notre héros s’éloigner sur la petite route goudronnée, au milieu de la lande écossaise, avec en toile de fond, un terril de charbon et de petites maisons de briques aux toits humides et gris d’ardoise et de poussières.
Il est des beaux disques. Je me souviens avoir acheté cet album pour la date de sortie et la pochette. Et puis aussi le prix, dérisoire. Et puis cette envie de me dire que Rod Stewart, après avoir été dans le Jeff Beck Group, n’avait pas pu être que mauvais.
J’ai adoré ce disque. Les chansons, la pochette, le son, les musiciens. J’y trouve ici la quintessence d’une musique vivante, rugueuse mais humaine. C’était décidément une autre époque, où les pires people FM furent des géants musicaux. Que s’est-il donc passé pour en être arrivé là aujourd’hui ? C’est toujours la question que je me pose, dix ans après avoir acheté cet album.
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jeudi 13 janvier 2011

STRAY DOG

Bonne année à tous, chères lectrices et chers lecteurs. La bien séance veut que l'on vous souhaite les meilleurs voeux dans ce monde déplorable, ce qui après tout, ne mange pas de pain. C'est toujours moins hypocrite que ceux de votre patron ou de Sarkozy. Surtout, merci encore de votre fidélité.


"Un chef d’œuvre de Blues et de Hard-Rock qui bénéficia grâce à l’aide incongrue de ELP d’une production d’un rare niveau."

STRAY DOG : « Stray Dog » 1973

1973 est une année de genre. Il fallait choisir son camp. Certains choisirent le Rock Progressif, d’autres le Glam de David Bowie, Roxy Music ou T-Rex. Et puis, il y avait le Hard-Rock, celui de Led Zeppelin, Deep Purple, ou Black Sabbath. Il fallait également compter sur le Funk et sur les prémices de ce que l’on appellera le Punk : les New York Dolls ou Stooges.
Le choix était vaste mais dénotait une chose impensable à l’époque : la naissance des chapelles Rock. On choisit son camp. Pas question d’aimer les Stooges et Yes. Ni Bowie et Led Zeppelin.
Aussi, lorsque Keith Emerson et ses compagnons de ELP découvrent ce trio infernal, ils sont partagés entre l’envie de faire découvrir ce groupe formidable qu’est Stray Dog et maintenir le cap du Rock Progressif grandiloquent qui est le leur en passant leur chemin.

L’Histoire du Rock est constellé de myriades de formations qui eurent leur petite heure de gloire, leur rayon de soleil vers la lumière de la célébrité, avant de plonger dans l’anonymat le plus complet. Il reste alors aux collectionneurs les plus pointilleux quelques 33T rares que l’on sort comme un secret bien gardé. Rien que dans le monde du Rock Heavy-Progressif, certaines formations cultes voient la cote de leurs albums s’envoler, sans le moindre retour financier bien évidemment. Spéculation sur l’occasion qui n’a que pour modeste retombée un soupçon de respectabilité qui pousse parfois malencontreusement certains groupes à se reformer dans l’indifférence générale. Car la cote d’un disque ne fait pas le succès. Et parce que ce même prix ne fait pas non plus la qualité d’un album.

Il est en effet certains disques à fortes valeurs sur l’argus du collectionneur autiste qui sont de bien tristes recueils de musique. On peut ainsi citer Granicus et son unique album de 1973. Maintes fois comparer à Led Zeppelin, il en est un pâle ersatz à peine justifier par la voix suraigue de son chanteur. Par contre, « Growers Of Mushroom » de Leaf Hound, datant de 1971, et dont la cote atteint les presque 1000 €, est un album fantastique. Lui aussi comparé à Led Zeppelin, plutôt à tort d’ailleurs car proche uniquement dans les grandes lignes, il est par contre comme le Dirigeable la synthèse parfaite d’un Blues Anglais gorgé d’électricité et de rage. Il n’en est juste qu’une autre version.

Echaudé à de multiples reprises par ces « classiques méconnus » qui n’avaient guère de valeur musicale à mon sens, je ne me plongeai dans ce disque qu’avec une certaine méfiance.
Et au premier abord, il y a plutôt de quoi : guitare-basse-batterie en béton armé, production au niveau (made in Greg Lake tout de même), mais voix étrange, et mélodie d’entrée surprenante. Ce disque ne s’apprivoise que doucement, et à deux ou trois écoutes totales, il finit par frapper de toute sa force.

« Stray Dog », album éponyme du groupe du même nom, est un immense album. Un chef d’œuvre de Blues et de Hard-Rock qui bénéficia grâce à l’aide incongrue de ELP d’une production d’un rare niveau.
« Tramp », qui ouvre le disque, est régulièrement repris. Il est plutôt surprenant au premier abord. Ligne boogie, chant traînant, presque parlé, et chœur majestueux sur le refrain contrecarrant la brutalité de la guitare et de la voix de tête. Finalement, une sorte de fusion de Heavy-Blues et de Rock Progressif.
Si le premier titre dérange dans le bon sens du terme, interrogeant l’auditeur sur ce qui l’attend, « Crazy » repose d’épaisses bases de Heavy-Blues Zeppelinien. Cette chanson, récupérée dans le répertoire du groupe Bloodrock, prend ici un sérieux coup d’adrénaline. La voix et guitare, celles WG Snuffy Walden, prennent alors tout leur sens. Cette voix vicelarde, cette guitare électrique rugissante, l’homme est un héritier de Blues américain, celui de Buddy Guy, mais dans sa forme la plus rude, celle de John Lee Hooker ou Lightnin’ Hopkins.
« A Letter » n’est qu’un délicieux entracte acoustique qui ne fait que mener sur « Chevrolet ». Rugueux, furieux, il ne dépare en rien avec ce qui précède. Pourtant la chanson n’est pas d’eux. Elle est d’un groupe texan dont ils veulent assurer la promotion, un trio du nom de ZZ Top. Sauf que leur version de ce morceau est cent fois supérieur à l’original, pourtant très bon. Mais malgré la charge Blues des premiers disques de ZZ Top, Stray Dog les surpassent en rage et en puissance. Le trio est alors composé de Snuffy Walden à la guitare et au chant, de Les Sampson à la batterie (ex-Road, groupe de Noel Redding en 1972), et de Al Roberts à la basse et au chant.
La symbiose entre ces trois-là est assez surprenante, bien au-delà de ce que l’on peut espérer d’un jeune groupe de Heavy-Blues. Certains sont devenus cultes pour moins que ça.
Cette quintessence géniale, on la retrouve sur l’excellent et presque funk « Speak Of The Devil ». Les talents de rythmicien de Sampson sont particulièrement mis en avant, déchaînant une foudre de toms et de percussions enragées. Walden fait rugir sa Les Paul comme un fauve fou, et le Diable tape sur sa Cowbell pendant que ses apôtres, déments, dansent autour du feu sacré aux sons des tambours. Il est à remarquer la parfaite entente vocale entre la voix de Walden, grave, et les chœurs de Roberts, plus aigus.
C’est ce même Roberts qui prend le chant sur « Slave », un abrupt morceau de heavy-rock, heurté, approchant à pas félins, vicieux. La basse, épaisse, répond à la guitare. Il y en a du travail chez ses hommes-là, et du talent aussi, pour en arriver à une telle entente musicale. Vous me croirez ou non, elle est comparable à celle des deux premiers albums de Led Zeppelin. Les trois gaillards se répondent à l’unisson, sans temps mort.
Il est en tout cas l’anti-chambre rageuse du chef d’œuvre absolu qu’est le final « Rocky Mountain Suite (Bad Road) ». De toute ma vie, après avoir écouter des centaines de disques, il me reste en mon for intérieur une poignée de chansons qui dessinent ma vie. Celle-ci en fait partie, à jamais, comme « Live With Me » de Humble Pie, « How Many More Times » de Led Zeppelin, ou « We Won’t Get Fooled Again » des Who.
Dans une constellation de notes acoustiques, Walden atterrit soudain délicat dans sa voix. Il parle d’une femme, de ses yeux, de ce qu’il ressent pour elle. C’est une fois plus l’amour brûlant qui est parle ici. La passion. Le feu sacré. Que ce soit le sexe, l’amour, les convictions politiques, il s’agit de la vie, de ce qu’elle devrait toujours être. Nous ne devrions pas faire de concessions dans nos sentiments, être franc, coûte que coûte. Parce que tergiverser ne fait que souffrir l’autre.
Walden dépeint ici un amour rêvé, cette jolie jeune femme que l’on croise, et qui daigne vous accordez un regard coquin. Votre cœur s’emballe, ses yeux, sa bouche sa silhouette n’ont aucun équivalent. . Puis elle se retourne, et vous restez là, seul, lâche. C’est tout cela, « Rocky Mountain Road ». Une bonne vieille histoire de loser qui trouve refuge dans ce bon vieux Heavy-Blues. Cette introduction acoustique poignante, suivie de cette tornade électrique qu’est le riff de « Bad Road » qui éclate comme une évidence. Putain de route. J’aime ce Rock qui parle aux tripes. Ce titre est une cathédrale de sensations incroyables, entre rage et passion béate. C’est le théâtre de nos vies en huit minutes trente.
Il reste l’éloquence. Il reste une forme de représentation sociale, qui fait de nous des gens biens en apparence, toujours.

Alors que les dernières notes de cette « Bad Road » résonne encore, le disque s’achève. Oh, pas si vous achetez la version remasterisée qui apporte son lots de bonus en concert tout à fait délectable. Ce qui le sera moins sera le second disque, nommé « While You’re Down Here », paru en 1974. Inégal, il a ses bons moments, mais a un défaut de taille : l’arrivée d’un clavier et d’un chanteur qui n’apportent strictement rien.
Walden est devenu un respectable compositeur de musiques de films mièvres, laissant derrière lui cette unique traînée de poudre exceptionnelle. Un album ultime, que l’on écoute sans se lasser, ce qui est l’apanage des plus grands.
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