lundi 20 février 2012

LARRY CORYELL

"Lui, le petit rital au look d’étudiant chétif, devient, derrière sa grosse Gibson Byrdland, une bête de scène, carbonisant des kilomètres de notes magiques. "

LARRY CORYELL : « At The Village Gate » 1971

Le monde du Jazz est la plupart du temps fort hermétique au commun des mortels. Et ne parlons pas de ceux qui se contentent du bousin que nos radios libres déversent dans nos oreilles.
Quand on est un peu éclairé sur la chose musicale, c’est-à-dire quand Jimi Hendrix et Cream évoquent quelque chose dans nos esprits, on sait combien le Jazz fascina le monde du Rock. De par son statut de musique pour musiciens, aux structures totalement libres, il provoqua quelques complexes d’infériorité qui virent Jack Bruce, Hendrix, et même Rory Gallagher tâter du genre dans leur musique.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’un personnage est en grande partie responsable de ce rapprochement : Larry Coryell. Né en 1943 au Texas, il est étudiant dans la première moitié des années 60, ce qui explique son look de binoclard sage. Il joue de la guitare et intègre en 1965 le groupe de Chico Hamilton. Dans le même temps, il déménage à New York et intègre la scène musicale locale, riche. Féru de Jazz, il ne rechigne pas à jouer dans des contrées plus Rock. Il jamme ainsi avec de nombreux musiciens de passage comme Hendrix ou Johnny Winter, ou dans les festivals européens avec Cream ou Rory Gallagher. Son approche sans carcan, fascina les guitaristes Rock au point qu’il les initia à la chose Jazz, pour leur plus grand plaisir, et une plus grande ouverture. Son impact en tous les cas comparable à celui de John MacLaughlin. Pas un hasard donc si ces deux-là joueront ensemble plus tard.

Ce disque est une arlésienne du format digital, je le trouvai donc en vinyl. Et l’écoutai religieusement. Je découvris un petit bonhomme avec sa grosse Gibson à l’allure sage mais au langage musical redoutable. Bien qu’imprégné de mysticisme à la fois tendance en ce début de seventies, raccord avec certains grands maîtres du genre (John McLaughlin, Chick Corea….), Coryell avait opté pour un jazz gorgé de saturation et de sons rock. Il devint en quelques mois une sorte d’Hendrix du genre, développant des thèmes rythmiquement puissants, et prétexte à de formidables développement instrumentaux à la fois rugueux et virtuoses.
Lui, le petit rital au look d’étudiant chétif, devient, derrière sa grosse Gibson Byrdland, une bête de scène, carbonisant des kilomètres de notes magiques.
Tout cela avait pourtant commencé de manière plutôt étrange, puisque le premier disque de Coryell s’appelant « Coryell », et paru en 1969, est très bon, mais nous impose la vision de sa femme, de ses enfants et de lui-même nus dans les herbes folles. C’est chaste, hippie, mais totalement ridicule. Il y avait souvent chez les musiciens ce besoin d’imposer leur bonne femme sur disque ou en concert, même si celles-ci n’avaient aucun talent. Ce fut le cas de Linda MacCartney ou Yoko Ono, pour n’en citer deux. Mais dans le jazz, la chose était également régulière, tout comme dans le blues, le leader du groupe sortant souvent avec le plus jolie des choristes (Ike Turner et ses Ikettes, dont une certaine Tina faisait partie).
Bref, Coryell a du talent, mais cela est caché sous une épaisse couche de conformisme étudiant intello. Pourtant, le jeune homme a déjà une aura de musicien incroyable, qui lui permet même d’enregistrer l’album « Spaces » avec, excusez du peu, John MacLaughlin, Chick Corea et Billy Cobham, et ce en 1970. Il y eut avant un étonnant album du nom de « Lady Coryell » en 1969, hommage à sa femme, qui vit l’homme faire preuve d’une incroyable diversité musicale, définissant une forme de fusion entre Jazz, Rock, Blues et improvisation. Le clou du disque étant le furieux « Stiff Neck » qui préfigure ce qui va suivre.
Le vrai détonateur, c’est ce disque. Enregistré live au Village Gate de New York , avec le bassiste Harry Bronson, et le batteur Harry Wilkinson, plus madame aux chœurs, évidemment (mais elle est extrêmement discrète, comme quoi, la prise de conscience est totale), est la première pierre angulaire d’un tryptique hallucinant de virtuosité et de créativité.
Pas que l’approche soit fondamentalement originale, puisqu’il s’agit d’un trio guitare-basse-batterie, formule ayant produit quelques superbes étincelles dont Cream ou Jimi Hendrix Experience en sont (à l’époque) les plus superbes représentants. Mais n’oublions pas Blue Cheer ou le Tony Williams Liefetime, comètes magiques de musique électrique qui feront de vous des gens moins cons après écoute.
Pourtant, l’approche de Coryell est totalement rebelle : jouer du jazz en live, avec une approche que seuls les musiciens rock ont à cette époque. Et dés la rythmique de « The Opening », on constate que les roulements virevoltants de Stanley Clarke ou Max Roach sont loin. Le son est épais, entre funk lourd et Blues. La guitare est sans effet, calme. La voix de Coryell, plutôt bonne, mais pas extraordinaire (elle est au moins juste, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de chanteurs actuels), chantonne quelques paroles entêtantes, avant que le maestro emballe les amplis. La qualité des bends, la précision des dissonances, le subtil dérapage du thème dans des embardées solistes absolument brillantes, se gorgeant de wah-wah hargneuse font de ce premier titre une bonne entrée en matière.
« After Later » est un beau thème jazz qui s’emballe. Coryell fait preuve d’une prodigieuse dextérité dans les changements de thèmes. On sent les nuages noirs s’amonceler au-dessus de la salle. Le joli morceau jazzy s’énerve, se gorge de colère. La saturation gagne les notes du solo de guitare. La rythmique de la batterie de Wilkinson devient plus trépidante, plus brutale, entre Robert Wyatt et Ian Paice. La basse ronflote de notes épaisses tapies sur la thème initial. Un peucomme Billy Cox lorsque Hendrix l’embaucha comme bassiste pour remplacer un Noel Redding toujours au-delà de la ligne rouge du soliste de trop.
Le troisième morceau est « Entardecendo En Saudade ». C’est un morceau de Chick Corea, joué au piano, donc. Sauf que Coryell décide d’en faire une version guitaristique. Le résultat est prodigieux. Lui insufflant toute la rage et la colère que peut apporter le sustain et la wah-wah sur une guitare électrique, il va chercher à retranscrire l’émotion du piano en lui insufflant le souffle de méchanceté de l’électricité. Wilkinson et Bronson tabassent une rythmique d’enfer, lourde comme le pilonnage d’un B52 sur une rizière vitenamienne. Huit minutes de pur brio, voilà ce que ce morceau est ici. Oublié le velouté du piano, voici venu le temps de la folie électrique. Corea peut être fier de cette version.
Est-ce un hasard si le morceau suivant s’appelle « Can You Follow ? ». Nan, parce que bon… Bon, on va s’asseoir gentiment, et on va discuter. Franchement. Non mais franchement. Merde. Sans déconner. Vous avez déjà vu un musicien comme cela derrière Katy Perry ou Johnny Hallyday ? Ce qui est incroyable c’est qu’à l’écoute de ce disque, vous vous serez à la fois amusé, et en plus, vous aurez l’impression d’être moins con. Franchement. Hein. Franchement !
“Can You Follow?” est une merveille de jazz. Un thème subtil, mélodieux, virevoltant, qui s’épaissit à coup de médiator et de caisse claire. Furieux, violent, les notes s’égrènent en accords et brillent au firmament jusqu’au bout de ces neuf minutes et trente secondes de prouesse guitaristique.
« Beyond These Chilling Winds » est chanté en compagnie de maman. Elle pousse la vocalise derrière Larry, et ça sent bon Woodstock. Sauf que ça s’emballe après le second couplet. Le médiator commence à gratter le sapin. Ca sature sec, et la Byrdland est prête à exploser. Tout est hendrixien. Le son, la folie, les changements de rythmes, le lyrisme. Il n’y a que ce son gras pour rappeler que nous sommes sur Gibson. La fusion des langages Jazz et Rock est ici quasi-parfaite, ouvrant de nouvelles pistes pour la musique à venir, en particulier pour le Heavy-Metal. Tony Iommi adoptera ce langage dés le premier album de Black Sabbath, et le développera sur les « Vol 4 » et « Sabbath Bloody Sabbath ».
Par la suite, Coryell adoptera un langage plus acoustique, comme John MacLaughlin après Mahavishnu Orchestra. Comme si il était allé trop loin, comme si continuer, c’était regarder au-delà du Soleil. Il s’éloignera ainsi de l’horizon Rock pour confirmer un public d’amateurs de Jazz plus feutré. Récemment, l’homme a redégainé sa grosse Byrdland et ses amplis Marshall pour un nouveau disque en concert furieux.
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mercredi 1 février 2012

ROSE TATTOO

"Ces hommes sont des déracinés prolétaires cherchant à survivre dans un désert. La survie, la colère, l’isolement, les grands espaces, tout est là."

ROSE TATTOO : « Rose Tattoo » 1978

Lorsque je lis des chroniques sur cet album, la plupart dans des magazines de Metal, on y trouve souvent les termes suivants : ça déchire, c’est jouissif, ça bourrine, des riffs de malades et toutes les allusions au sexe et à l’alcool… bref, tous les termes bateaux qui consistent à signifier que la musique présentement dans le poste fait irrésistiblement taper du pied et fait de vous un dangereux rebelle typé motard. Pourtant, dans ces expressions vides de sens, on ne distingue pas vraiment le sens profond de ce disque. Certes, la musique est immédiatement efficace, mais cela est un raccourci simpliste.
Voici un disque formidable. Pas au sens banal du terme. Non, cet album est assurément gorgé de Blues, de rage prolétarienne, et d’une certaine approche de la vie et du mot Rock’N’Roll. Du genre que peu comprirent dans l’histoire de la musique ces 100 dernières années.
Du bon Rock efficace basé sur le Blues américain, il y en a : Rolling Stones, Robin Trower, Rory Gallagher, Led Zeppelin, et même Black Sabbath.
Mais il se passa quelque chose sur cette île lointaine qu’est l’Australie qui reste encore une énigme. En effet, comment une poignée de jeunes gens issus des milieux populaires du pays créèrent à la fin des années 70 un Rock d’une telle intensité. The Angels, AC/DC, Cold Chisel et Rose Tattoo furent les furieux qui firent connaître au monde un Rock entier, simple, franc mais aussi original et surtout plus rebelle que n’importe quel groupe Punk anglais de l’époque.
Nous sommes en 1976. Peter Wells, bassiste du très bon groupe de heavy-blues Buffalo, décide de monter sa formation. Après quelques pérégrinations, son groupe se stabilise avec un petit chauve nerveux du nom de Angry Anderson, issu du groupe Buster Brown dont Phil Rudd fut le batteur, et de Dallas « Digger » Royall à la batterie. Mick Cocks devint le bassiste et un autre transfuge de Buffalo, Chris Turner, prit la guitare rythmique. Il fut rapidement remplacé par Geordie Leach peu de temps avant l’enregistrement de cet album.
Peter Wells devint le slide-guitariste attitré de la formation en plus d’être un des compositeurs principaux. Cet aspect est important. Car la technique reste intimement lié à une certaine forme du Blues passéiste : celle du Blues américain des années 50, celui du British Blues Boom, ou encore de Clapton. Seuls quelques virtuoses réussirent à en faire une technique support à des approches musicales innovantes comme Jimmy Page ou Rory Gallagher. Mais en ces temps de Rock direct, même AC/DC, dont les références sont purement Blues et Rock’N’Roll, ne firent jamais usage de la chose. Pete Wells en usa à plus soif, toujours avec le même brio. Lui, le bassiste qui voulait revenir au Blues, y plongea avec un génie rare. Il concilie un jeu rugueux avec une fougue et une inspiration qui en fait plus qu’un gadget pour donner une couleur authentique à un morceau. Non, cette slide est un cri parallèle à la voix rageuse de Anderson, son compagnon de route.

Lorsque Rose Tattoo décide de tourner en 1977, il crée une musique dont les bases sont donc dans le Blues et le Rock’N’Roll, mais aussi dans un Heavy-Rock garage australien déjà riche : Human Instinct, Master’s Apprentices ou les Aztecs de Billy Thorpe. Se joignent les références britanniques que sont les Stones, Humble Pie et les Faces, et vous avez donc ce groupe, synthèse d’une culture musicale unique.
Ce qui les rendra sympathique aux motards et autre métalleux de toutes sortes, ce sont les tatouages. Bon Scott était un tatoué, Rose Tattoo ira encore plus loin, puisque tous les musiciens du groupe devaient l’être impérativement, d’où le nom. Ce que l’on oublie parfois, c’est que ces dessins cutanés étaient à la fin des années 70 l’apanage des vrais durs. Seuls les taulards, les marins, ou les mineurs avaient ce genre d’insignes sur les bras, souvent des symboles d’une communauté prolétarienne. La chose est bien galvaudé et maintenant, même la bourgeoise moyenne se fait tatouer un petit symbole mauï au creux des reins, pour montrer qu’elle est rebelle et anti-conformiste malgré sa cuisine IKEA, sa Mini, et son job dans un groupe de conseil en fiscalité pour les entreprises qui est pour elle un aboutissement professionnel.
Bref, quand, ces cinq là sont des tatoués, cela signifie qu’ils sont des prolos, et des vrais. Et l’Australie en compte un paquet. Issus de vagues d’immigrations successives, entre taulards du 19ème siècle et ouvriers ruinés cherchant à survivre, les habitants de ce pays sont des expatriés de force perdus dans une terre immense et poussiéreuse.
C’est alors qu’apparaissent les raisons de cette fougue formidable : ces hommes sont des déracinés prolétaires cherchant à survivre dans un désert. La survie, la colère, l’isolement, les grands espaces, tout est là.

« Rose Tattoo », album éponyme du quintet, paraît en 1978. il fut précédé du simple « Bad Boy For Love » qui atteint la 19ème place des charts australiens. L’album atteint le Top 40 en novembre 1978. Sous la forme « Rock’N’Roll Outlaw », il fut numéro 5 en Allemagne et numéro 2 en France en 1981 (Vive Miterrand !).
Bref, c’est un succès commercial, mais expliquons aussi cela par le fait que les gars d’AC/DC étaient tellement fans qu’ils les firent signer sur leur propre label, Albert, lié à ATCO, et que le disque fut produit par Vanda & Young.
L’album naquit donc sous de bons auspices. A l’écoute de ce disque, on comprend l’admiration du pourtant formidable groupe des frères Young. Car encore plus qu’eux, Rose Tattoo était un groupe de Blues gorgé d’identité prolo. Les cinq membres travaillent comme ouvrier, marin-pêcheur, ou camionneur, alors que seuls Phil Rudd et Bon Scott sont de vrais laborieux au sein d’AC/DC, les frères Young n’ayant que peu fait la jointure entre collège et musique. Me direz-vous, pourquoi cet attachement à ces racines ouvrières presque caricaturales (et pourtant, que la montagne est belle) ?
La différence, elle est dans le SON. Elle s’entend. Pas plus, pas moins. AC/DC est un formidable quintet de Blues furieux, mais dont les improvisations flirtent avec le Rock anglais (Kinks, Stones, Who, Deep Purple). Rose Tattoo a les deux pieds dans un massif de colère ouvrière, celui de Muddy Waters, John Lee Hooker, les Stones, les deux premiers Led Zeppelin, et Status Quo (éh ouais !).
Les thèmes abordés sont ceux de la liberté sous toutes ces formes : évasion de taulard, sexe, drogue, ouvrier en colère…. Bon, on va pas faire un dessin : quand le disque commence par « Rock’N’Roll Outlaws », il me semble qu’on est fixé.
Cette chanson est géniale. Elle préfigure « Préfabriqué » de Trust un an avant. « I don’t need a lot of people to tell me what to do”, qui eut écho dans “je crache à la gueule de tout ce système, quand je marche dans la rue je ne porte pas d’emblème”. Merde au système, merde au conformisme. Pas pour prendre une Harley à 60000 € et partir les cheveux aux vents vers LA. Non, parce qu’à l’usine, on n’est qu’un pion. Un petit rouage d’une machine bien huilée dans laquelle on est rien. Alors, lorsque l’on sort du boulot, on a envie de hurler cela : je suis quelqu’un, et vos règlements, foutez-vous les où je pense. Et bien profond.
Pour asseoir cette différence, il y a « Nice Boys ». Don’t Play Rock’N’Roll. Les gentils garçons ne jouent pas de Rock’N’Roll. On ne se rend pas compte combien, à l’écoute de cette musique et de ce titre, Coldplay et Oasis sont des blaireaux. Des vrais. Pur race. Déjà, parce qu’au niveau du rythme, pour les deux derniers susnommés, « Nice Boys », c’est de la techno. Ou du Death-Metal. Ensuite, parce qu’au niveau du texte, ce morceau est un petit bijou. En fait, Angry Anderson manie plutôt bien l’humour. Et ce texte en est la preuve, dépeignant avec une ironie féroce les bourgeois, les gentils garçons, face à ceux qui font les prolos. Sales, méchants, hargneux, mais déterminés.
Et justement, ces adjectifs qualifient parfaitement le morceau de résistance qu’est « The Butcher And Fast Eddie ». Blues poisseux contant l’histoire de deux cow-boys devant s’affronter dans un Far-West lointain, ce morceau rappelle combien les racines Blues du groupe sont présentes. Anderson se révèle un chanteur puissant et expressif sur ce genre de titre, à l’instar de Bon Scott. Loin du cliché du hurleur primaire, il vit et incarne son texte, le tout soutenu par un riff implacable. Leach décoche un solo gibbonsien en diable, et rapproche Rose Tattoo des premiers ZZ Top.
« One Of The Boys » est une petite merveille autobiographique. Sur un boogie trépidant, Anderson raconte son enfance, son échec scolaire, les filles, les bagarres, les bars. Amusant de voir combien ces garçons ont des points en commun avec les musiciens de Detroit de la fin des années 60 : gamins de prolos rebelles, dans une ville où l’on s’emmerde sévère, et où seuls les filles, le Rock et les virées entre potes donnent un peu de beaume au cœur à une vie déjà réglée d’avance.
On retrouve tout cela sur « Remedy ». le Rock’n’Roll comme médicament à la zone. Fusée boogie, elle brûle des kilomètres d’étincelles sur le bitume.
Les filles sont le sujet du titre suivant : « Bad Boy For Love ». Bien que l’on retrouve le ton général (slide brûlante, voix râpeuse, riff enragé, rythmique en béton), on ne retrouve pas la même puissance que précédemment. En fait, il s’agit du premier 45T du groupe paru en 1977, ici publié en 33T (c’est du vinyl les kids, pouvez pas comprendre). Souple, presque un peu funky sur les bords, macho à souhait avec cette petite pointe de tendresse caractéristique, ce titre permet surtout de comprendre que la formule de Pete Wells était clairement au point depuis le départ.
« TV » est une merveille de Hard-Blues hargneux qui rend la pareille à cette télé qui fascine et qui répugne. Une pipe, une bière, un match de foot. Le symbole du beauf. Plaisir criminel et hautement masculin. Anderson brocarde. Je regarde la télé, j’ai pas envie de baiser. Mais bon, si tu insistes…
Merveille du bottleneck électrique, Rose Tattoo et Wells s’autorisent une parenthèse électro-acoustique avec « Stuck On You ». Gorgé d’emphase et d’émotion, ce superbe morceau est un Blues à la puissance semblable à « Mr Big » de Free, mais avec ce malaise entre joie et pleurs sur lequel il danse sans relâche. « Tramp » sonne le rappel au prolétariat. Carré, incisif, il ouvre la voie au final. « Astra Wally ». Un brûlot abrasif, teigneux, entre Status Quo et AC/DC. Anderson carbonise ses cordes vocales, Leach et Wells leurs cordes. La rythmique galope comme un train en furie. Le solo de slide de Wells chaloupe sur le riff de Leach. A superfan freak. Voilà ce que furent aussi Rose Tattoo en 1978.Un groupe démoniaque, proche de leurs racines, sans esbrouffe, et d’une humilité rare. Qui proposa à cette époque la musique la plus rebelle, la plus sauvage, la plus libre qu’il était possible d’écouter avec celle d’AC/DC. Laissant sur place nombre de groupes Punk et New Wave, et mais aussi quelques dinosaures Blues sur place, comme Led Zeppelin ou les Stones. Un miracle musical salvateur.
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