mercredi 21 janvier 2015

ACCEPT 1982

 "Que s’est-il passé entre 1981 et 1982 quelque part en Allemagne pour transformer un honnête quintet de hard-rock germanique un peu terne en une machine à broyer les os ?"
ACCEPT : « Restless And Wild » 1982

L’homme marche d’un pas rapide et décidé. Il serre les mâchoires et les poings dans ses poches. Il a le regard noir de la colère. Son sang bouillonne de rage dans ses veines. Il appuie sur le bouton de la porte sécurisé pour appeler le guichetier, qui le laisse entrer. L’homme est client à l’agence bancaire.
Il desserre péniblement les dents pour prononcer le nom de son conseiller. « Il est en rendez-vous » répond obséquieusement le guichetier. L’homme tourne la tête et jette un regard à travers la vitre latérale de la porte du bureau. Le conseiller est bien là, devant son ordinateur, mais n’a pas pris la peine de le recevoir. Un geste de mépris de plus. Un geste de mépris de trop.
L’homme tourne les talons et se dirige vers la porte. Le guichetier l’interpelle mais il n’entend plus. Il est trop tard. D’un grand coup de pied, il enfonce la porte, et se tient bien campé sur ses jambes dans l’embrasure de la porte. Le conseiller bafouille quelques paroles sur un ton outré, feignant l’étonnement devant aussi peu de savoir-vivre. Mais il n’est plus question de politesse. Sans un mot, d’un geste rapide, l’homme saisit le conseiller par le col de la chemise et l’approche à quelques centimètres de son visage. Sur un ton glacial et monocorde, il énumère les coups bas, les appels sans réponse, les courriers lapidaires en recommandé, les engagements non tenus. Tout ce qu’il l’a précipité dans la misère la plus noire durant des mois, avec pour seule retour le mépris de l’employé de banque.
L’homme n’a plus rien à perdre. Profondément gentil au départ, naïf sur la nature humaine sans doute, il espère que cette tentative d’intimidation va résonner le petit bureaucrate. Le mettre sur la voie de l’empathie et de l’humanité. L’homme semble même sentir la colère redescendre, au point de voir poindre le remord. Mais le banquier ne trouve qu’un énième mensonge sur fond d’énumération de procédures administratives pour justifier son lamentable labeur, accablant au passage l’homme.
Un afflux de sang noir remonte alors au cerveau de ce dernier, comme un flash de furie. Son poing gauche se serre puis s’abat comme une pierre sur le visage du conseiller bancaire. Le son mat de l’os sur les cartilages nasaux résonne dans toute l’agence. Le guichetier tente de s’interposer, mais son regard croise celui de l’homme qui se retourne vers lui. Il s’arrête net avant de reculer, pétrifié par l’oeil luisant comme une bille d’acier qui vient de le fixer.
Puis l’homme fait le tour du bureau alors que le bureaucrate tente de se relever, le nez en sang. Une pluie de coups de poing rapides et puissants comme des boulets de fonte s’abat sur le sombre erre. Alors qu’il frappe toujours plus fort, traversent dans la tête de l’homme les images de toutes ces semaines à se battre pour sauver sa famille et garder sa dignité. Jamais il n’aurait pu penser qu’on est pu un jour le traiter de manière aussi indigne, avec autant de violence froide, sans la moindre compassion pour sa situation humaine.
Lui qui a toujours travaillé pour gagner sa vie, payer ses factures à temps, jamais personne ne l’aurait imaginé faire cela, à commencer par lui-même. Mais son cerveau et son amour-propre ont réclamé le respect qui lui est dû. Aussi aujourd’hui il est un animal, une bête. Alors il frappe encore, et dans sa tête résonne de grands accords de Gibson Flying V blanche et noir sur laquelle un être furieux hurle : « Fast as a shark, he'll cut out of the dark, he's a killer, he'll rip out your heart, On a one way track and you're not coming back, 'cause the killer's on the attack ».
L’homme ressort de l’agence la main couverte de sang, toisant du regard les employés de l’agence qui reculent sur son passage. Il repart dans la rue alors que retentit au loin la sirène de la police.
Que s’est-il passé entre 1981 et 1982 quelque part en Allemagne pour transformer un honnête quintet de hard-rock germanique un peu terne en une machine à broyer les os ?
Fondé en 1971 dans la région de Solingen par le chanteur Udo Dirkschneider et le guitariste Michael Wagener, Band X devient Accept d’après le nom de l’album de Chicken Shack de 1970. Après des années à se rôder sur le circuit des clubs et des bases américaines, le petit quintet sort un premier album éponyme en 1979 entre hard-rock seventies un peu daté et influences progressives, fruit de compositions rôdées depuis presque dix années.
Sans réelle personnalité, l’album se vend mal. Un second disque suit, sous influence de leur manager qui les oriente vers un son plus proche d’AC/DC. Ils enregistrent même une chanson composée par Alexander Young, frère de Malcolm et Angus, et destinée au quintet australien. Le résultat est plutôt efficace, mais ne se vend pas mieux. « Breaker » en 1981 enfonce enfin le clou et permet à Accept de tourner en première partie de Judas Priest. Le groupe n’est pourtant pas encore tout à fait en place. Bien que la musique soit désormais un heavy-metal carré et efficace, le son manque cruellement de coffre.
Au niveau image, Wolf Hoffmann, le guitariste et auteur de la plupart des morceaux, se trimballe encore avec un blouson de baseball en soie, et Udo Dirkschneider, avec son physique trapu et ingrat, portent une moumoute blonde et des futals à paillettes ou en skaï. Les musiciens tentent en vain de se fondre dans le moule esthétique de Queen, Scorpions, Rainbow ou Thin Lizzy, avec boots à talons et pantalons pattes d’éph, mais cela ne leur sied guère.
Durant la tournée britannique et allemande avec Judas Priest, Accept est obligé de piquer de la nourriture dans les plats de traiteur du groupe anglais, tant les musiciens sont affamés et sans le sou. La maison de disques n’a apporté aucun soutien financier, et ils doivent tout payer de leurs poches.
L’arrivée de Gaby Hauke comme manageuse va remotiver les troupes. Dure en affaire, elle permet à Accept de tourner dans des conditions décentes partout dans le monde. De ces dix années d’expérience difficile, le quintet est plus que jamais soudé et en colère. La formation s’est stabilisée autour de Udo Dirkschneider au chant, Wolf Hoffmann à la guitare, Peter Baltes à la basse, et Stefan Kaufmann à la batterie. Le poste de second guitariste est mouvant, et , épuisé par cinq années d’épuisant labeur, Jorg Fischer est remplacé par Herman Frank en 1982. Ce dernier participera peu à l’enregistrement de « Restless And Wild ».
Visuellement, Udo a abandonné le lamé et les cheveux longs pour une coupe courte, et des vêtements de treillis militaire camouflage. Les autres sont en noir, cuir et jeans, déjà apparus courant 1981. Le symbole d’Accept est désormais deux Gibson Flying V blanches entremêlées, et le logo, un lion apparu en 1980 (et qui succède au renard de 1979), inspiré de celui de l’armée belge de 1940. Hoffmann est passionné par l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale, il en réutilisera des références sur des albums à venir.
Pour l’heure, ce sont cinq musiciens remontés à bloc qui déversent riffs d’acier et rythmiques en béton armée dans le studio. Si il y a une leçon qu’ils ont retenu de la tournée avec Judas Priest, c’est le travail du son du quintet de Birmingham, ce son de guitares précis et tranchant sur lequel survole un chant haut perché. Mais Accept va y injecter encore plus de puissance.
Plus globalement, Accept est la synthèse parfaite entre AC/DC et Judas Priest. La voix de Dirckschneider est un élément évident de comparaison avec la formation australienne, sorte de mutant entre Bon Scott et Brian Johnson dont la voix s’est fortement éraillé depuis le premier album par un tabagisme très prononcé. Autre élément important d’évolution, Gaby Hauke, alias Deaffy, et futur femme de Hoffmann, participe à l’écriture des paroles de chansons. Alors que le groupe, d’origine allemande, peine à écrire des textes intéressants en ratissant le dictionnaire, Deaffy permet à Accept de sortir de la sainte-Trinité alcool- filles-good times, cliché du hard-rock par excellence, pour s’orienter vers des sujets plus socio-politiques. Par la suite, les thèmes abordés seront audacieux : l’homosexualité, les injustices sociales, l’histoire.
 Cet aspect sera souvent totalement éludé de la vision que le public aura du groupe, plus enclin à en faire des bourrins avec leurs treillis et leurs bières bavaroises. Cela sera encore renforcée par la petite musique d’introduction de la première chanson de ce disque : « Fast As A Shark ». Afin de créer un contraste un peu rigolo avec la furie du morceau et faire preuve d’un peu d’auto-dérision avec les origines allemandes des musiciens, Accept va utiliser la chanson à boire « Ein Heller und Ein Batzen » datant de 1830. Sauf qu’en France et en Pologne, le thème de la chansonnette « Heidi, Heido, Heida » est utilisé pour illustrer les images des dignitaires nazis dans les documentaires historiques. Le résultat va être une confusion totale sur la formation, sa musique et ses thèmes de textes, qu’elle traîne encore de nos jours.
Cet album est en beaucoup de points parfaitement définitif. Sa puissance y est absolument colossale. Quel que soit le tempo, rapide ou écrasant, chaque riff est un upper-cut. Dirkschneider y est particulièrement teigneux. Ce disque ouvre en beaucoup de points la voie au trash-metal. A l’instar de Venom, « Restless And Wild » a ce quelque chose de définitif dans la musique Rock. Plus rien ne sera pareil après, et il sera finalement difficile de faire aussi furieux. Il y aura bien sûr le chant growl du Death-Metal, les blasts de batterie du Black, l’imagerie ultra-gore du Grind, il y aura toujours plus vite, plus crade, plus hurlé, mais rien n’arrivera à ce concentré de colère sans tomber dans la caricature. Venom avait ce côté Punk satanique, Accept a la précision et la force ultime. On est encore au-delà de Iron Maiden, dont la contribution au heavy-metal est majeure en ce début d’années 80. Mais ils n’auront pas ce quelque chose de totalement indépassable en termes d’agressivité et de noirceur.
Une fois la petite introduction germanique passée, un cri possédé déchire les enceintes. Puis « Fast As A Shark » fonce comme un train fou, avec sa double grosse caisse matraquant à vous pousser le cœur hors de la cage thoracique. Les deux guitares déchirent l’air lourd comme un hachoir à viande. Chaque coup de médiator coupe comme une lame effilée. Dirkschneider rugit ses histoires de mort et de marginaux. Tout est carré, parfaitement à sa place. Cette précision, acquise par des années à tourner sans relâche depuis des années, on la retrouve dans le chorus d’inspiration classique avec les guitares en tierce. Pas de fausse note, ni de contretemps. Sans répit, « Restless And Wild » prend le relais d’une rythmique de plomb, rapide et sûre. Les guitares galopent comme des chevaux sauvages, cavalcade hallucinée, ivre de vengeance, l’oeil noir. L’enchaînement de ces deux morceaux est simplement brillant.
Mais la suite est tout aussi fracassante. On y sent davantage l’influence d’AC/DC sur « Get Ready », « Don’t Steal Your Soul Away », ou « Ahead Of The Pack ». « Flash Rockin’ Man » est sans doute le plus brillant de tous, un morceau que ce coup-ci le quintet australien aurait pu piquer à Accept. « Shake  Your Head » ou le redoutable « Demon’s Night » se rapprochent de Judas Priest. Mais on y distingue dans tous une urgence typiquement punk, que ce soit dans les riffs comme dans la colère permanente. En cela, on retrouve finalement un peu du son de …. Trust.
 Mais il y a quelque chose de totalement implacable qui rend la musique d’Accept si dangereuse, si menaçante. Comme le martèlement des aciéries de la Ruhr, qui font écho à celles de Birmingham.
« Balls To The Wall » poursuivra cette recette magique, et permettra enfin à Accept d’accéder au cercle très fermé des meilleurs formations de heavy-metal européennes. Mais par rapport à « Restless And Wild », on sent que le quintet a franchi un palier décisif, et qu’il est désormais en grande partie sorti d’affaire. 
Par la suite, le groupe tentera d’injecter de la mélodie, en quête de respectabilité musicale. Mais cette dernière était depuis longtemps acquise. « Restless And Wild » sent la frustration et la faim, il est gorgé de danger. Et il avait assommé tout le heavy-metal mondial dés sa sortie. Les ricanements de la critique et des autres groupes ne faisaient que cacher la crainte et la peur qu’il avait engendré. 
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samedi 17 janvier 2015

JOHN CALE & TERRY RILEY


" « Church Of Anthrax » s’écoute d’un trait, comme un voyage. "

JOHN CALE & TERRY RILEY : « Church Of Anthrax » 1971

Il est des moments dans la vie où l’on a besoin d’évasion. Les épreuves de ces quinze derniers mois m’ont profondément éreinté. Et tout n’est pas réglé. Malgré le fait que ma vie ait profondément changé, mes ennuis liés au passé resurgissent encore pour me rappeler à leur bon souvenir. Je sens que je suis éprouvé psychologiquement. Je suis susceptible, sur le qui-vive, plus ou moins dans une forme d’angoisse permanente. Les phases de répit sont rares.
Même si l’amour m’apporte du réconfort et le sentiment d’être enfin important pour quelqu’un, je sais que mon anxiété chronique n’est pas toujours facile à vivre pour mon entourage proche.
Je sens que j’ai atteint un point de non-retour, que les choses ne seront plus les mêmes qu’avant toutes ces épreuves. Je ressens le besoin de m’évader psychologiquement pour retrouver mon calme. Cela passe par mon repli intérieur dans ma bulle personnelle : mes disques et mes livres notamment. J’ai besoin de chercher, de découvrir sur le Rock, l’art, l’histoire, l’automobile... tout ce qui me passionne. De temps en temps, je passe quelques courtes heures imprégné dans cet univers. Et je me sens m’éloigner de la médiocrité humaine.
Je suis plutôt porté sur la découverte. L’écoute de certains de mes chers disques a tendance à me replonger dans de sombres heures de mon passé, et cela gâche mon plaisir. Alors j’écoute des choses nouvelles, que ce soit d’artistes connus ou inconnus. Je vais où le vent me mène. Et ce dernier m’a plutôt conduit dans des contrées jazz-rock : Coltrane, Magma, Billy Cobham.... Et puis aussi un peu de Blues : Spooky Tooth, Robin Trower, Rory Gallagher et Dave Edmunds.
La réécoute ponctuelle de « Sister Ray » du Velvet Underground m’a emmené sur la piste de John Cale. Voilà un homme éminemment respecté par la presse de bon goût pour sa Pop symphonique désenchantée. Mais malgré mon ouverture d’esprit extrêmement large ces derniers temps, l’écoute des grands classiques certifiés que sont « 1919 », « Fear » ou « Slow Dazzle » m’ont encore laissé plutôt de marbre. Pas que je trouve cela mauvais ou insupportable, juste que mon âme troublée n’a pas vibré sur cette musique mélancolique un brin surjouée à mon goût.

Pourtant, en piochant dans la riche discographie de John Cale, je suis tombé sur cet album. Il y avait pourtant de quoi avoir des suées. En effet, il s’agit de la collaboration entre John Cale, artiste sombre et torturé, et Terry Riley, compositeur de musique contemporaine, minimaliste voire free-jazz. Ca sentait donc le disque masturbatoire à plein nez et j’hésitai longuement à y jeter une oreille. Mais dés les premières notes, je fus conquis.

Pour moi, il est à classer dans la catégorie de ces albums mystérieux au même titre que « Ceremony » de Spooky Tooth » ou « Speech » de Steamhammer. Pour les artistes précédemment nommés, ces albums étaient des sortes de parenthèses expérimentales dans une discographie cohérente musicalement parlant, des plongées dans la noirceur de l’âme. Dans le cas de John Cale, on peut se demander ce que l’homme peut bien produire de plus dérangé à la vue de ses albums solos ou de son passage au sein du Velvet Underground. Seulement voilà, en fait ce disque est ce qu’il a sans doute produit de plus original et audacieux.
Pour ce qui est de Terry Riley, on est plutôt dans ce qu’il a produit de plus accessible. L’homme est un expérimentateur, que ce soit dans la composition comme dans les instruments utilisés. On l’a vu ainsi travailler sur les premiers synthétiseurs comme sur le très bon disque « A Rainbow In Curved Air » de 1972, qui annonce le Krautrock électronique de Klaus Schulze et Tangerine Dream. Sur « Church Of Anthrax », Riley reste dans des territoires très jazz, utilisant le saxophone Soprano comme Coltrane, le piano et l’orgue Hammond. Cale apporte le violon, la basse, la guitare et le piano. David Rosenboom tient la batterie.
On navigue ici dans des eaux jazz-rock assez similaires par moments au Soft Machine période 1970-1971, et puis aussi à ce jazz coltranien qui inspira tant de musiciens anglo-saxons au milieu des années 60. Mais il y a un quelque chose en plus qui rend cette musique profondément unique.
« Church Of Anthrax » est une sorte de funk déglingué et obsédant, soutenu par une basse rude. Des accords de piano résonne en un écho hanté, puis Terry Riley débute une longue improvisation à l’orgue. Puis vient se greffer le saxophone. Les deux instruments se répondent en accélérations de notes et longs accords, provoquant peu à peu un vertige. On se sent ivre, des milliers d’images se succèdent, comme des flashs : une plage, un port de pêche sur la côte méditerranéenne, le soleil pâle d’hiver, les rues pavées, les murs aux couleurs claires.... et la musique comme une tournerie hispanisante, une impression douce amère, l’esprit qui s’échappe un peu, bousculé.
Suivant le principe de Christian Vander pour les concerts de Magma, Cale et Riley ont agressé, dérangé l’auditeur, le mettant face à ses propres angoisses, afin de le préparer à la vraie musique. « The Hall Of Mirrors In The Palace Of Versailles » est l’archétype du jazz coltranien que j’aime profondément. Lumineux, soyeux, au tempo calme, il est le climat idéal aux plus intenses rêveries. Les notes de saxophone coulent en une rivière de sons magiques résonnant dans l’écho, comme portées par le vent d’automne, soutenu par un piano acoustique au son profond et mélancolique. A son écoute, je n’avais pas vraiment pensé à Versailles, Mais plutôt à un village cathare sur une crête rocheuse dans le halo jaune-orangé d’une forêt d’octobre. Longue déambulation parmi les vieilles pierres, à écouter le silence juste perturbé par le vent dans les feuilles des arbres.
Ces deux rêveries aux tonalités fort différentes se voient succéder par une magnifique chanson pop dénommée « The Soul Of Patrick Lee ». Chantée par Adam Miller, elle n’est même pas vraiment caractéristique du style de John Cale, son auteur, aux compositions plus emphatiques. La mélodie est empreinte d’une grande nostalgie. Et finalement, elle se fond magnifiquement à la suite des deux premières pièces de jazz qui l’ont précédé.
Il sert d’introduction aux tonalités free de « Ides Of March ». Les pianos acoustiques se répondent en écho sur un tempo swing de batterie. Les circonvolutions de notes de Cale et Riley provoquent une nouvelle ivresse chez l’auditeur imprudent. On ne peut se détacher de cette avalanche de notes presque boogie.
De boogie, il en est presque question avec « The Protege ». On y distingue des tonalités assez classiques, surtout de la part de musiciens aussi audacieux que Cale et Riley. On y entend les réminiscences de Fleetwood Mac, Savoy Brown. Mais toujours avec ce malaise rampant, qui fait que jamais on ne tombe dans la parodie téléphonée. La batterie souffle derrière les deux pianos, avant que cet album ne se clôt en un brutal larsen suraigu.
« Church Of Anthrax » s’écoute d’un trait, comme un voyage. On en ressort rincé, mais apaisé. Le cerveau, engourdi par l’étroitesse du quotidien, s’ouvre à nouveau. On est plus réceptif et durant trente-quatre petites minutes et les heures qui suivent aussi, le monde a été plus beau, plus fou, plus riche. Mais comme personne n’écoute ce genre de disque, on a l’impression d’avoir un petit monde secret à soi, une terre magnifique que personne ne connaît, ni ne comprend.
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mardi 13 janvier 2015

J'AI TOUJOURS ETE CHARLIE

 JE SUIS CHARLIE
Voilà, une page s’est tournée... Le 7 janvier 2015, très exactement. A la rédaction de Charlie Hebdo, deux dégénérés ont abattu froidement Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré, et Bernard Maris, entre autres. 12 au total.
Des scènes de guerre toute la semaine à la télévision, et puis une grande manifestation, sans précédent dit-on. La gauche, la droite, 45 chefs d’état et de gouvernement pour dire non au terrorisme : Angela Merkel, Benyamin Netaniaouh, Hollande, Sarkozy, Copé..... même l’extrême-droite voulait en être. Ils ont bien dû rire là-haut, en voyant tous ces enculés venir à leur chevet alors que Charlie Hebdo a passé toute son existence à dénoncer les saloperies de tous ces crevards. Et les voilà obligés de venir soutenir le droit d’expression et la liberté de la presse, eux qui la bafouent dans leurs propres pays ou qui ont intenté des procès à Charlie pour les faire taire. La bonne blague, ultime dérision sur la tombe des héros.
Parce que c’est ce qu’ils sont devenus, bien malheureusement. Eux qui étaient des exemples d’humilité, qui ne se prenaient jamais au sérieux. Cabu... je le revoie dessiner Dorothée dans Récré A2 quand j’étais gosse, avec sa tronche de gamin timide et malicieux. Et Wolinski, son air bonhomme, ses dessins de cul, ses blagues un peu potaches.... J’ai lu toutes les semaines Charlie Hebdo durant mon adolescence et ma jeunesse, entre 1993 et 2006 à peu près. Ils sont morts comme des prisonniers de guerre, comme des résistants par les nazis, fusillés au peloton d’exécution. Eux qui ne faisaient que dessiner, se moquer avec lucidité des travers et des injustices de la société. Ils avaient tous des bonnes bouilles. Un dessin n’avait jamais tué quelqu’un. Maintenant oui.
Tout ça parce qu’ils ont dessiné le prophète Mahomet, et que c’est un blasphème. Enfin c’est ce que dit la bande d’abrutis qui a tiré. Et aussi en 2006 le Conseil Français du Culte Musulman qui les a traîné en justice... et qui a perdu son procès. Bon, sachant que le début de la rédaction du Coran remonte vers l’an 610, que Mahomet est mort en 632, et que les premières caricatures politiques remontent au milieu du 18ème siècle en France, il y a quelque chose qui m’échappe. Mais passons.
Les meurtriers de la rédaction de Charlie Hebdo sont donc des djihadistes. Des islamistes. Ils ont tué au nom du prophète Mahomet, pour le venger. Evidemment, les musulmans français ont réagi, sentant venir l’amalgame arrivé ( et il arrivera).
Ils ont bien fait. Car aussitôt notre blaireau de président a sauté dans le piège tendu en remuant le brouet religieux le soir même. Et deux jours plus tard de voir un troisième allumé prendre en otages des juifs dans un magasin kacher, et en tuer quatre. Il y a d’ailleurs lieu de s’interroger sur l’action de notre président : si il n’avait pas remué la merde des religions, cette prise d’otages aurait-elle eu lieu ?
Toujours est-il que nous voilà en France, pays laïque, qui a séparé l’Eglise de l’Etat en 1905, à devoir batailler avec toute cette fange mystique. Et de voir une bande de crétins vouloir imposer en France des idées islamistes. On est en droit de se demander si finalement, et même si cela peut paraître réactionnaire au premier abord, on ne devrait pas les laisser partir en Syrie ou en Irak faire leurs conneries là-bas. Egoïstement. Alors oui, ils sont français. Mais curieusement, cela fait quarante ans que des musulmans vivent sur le sol français, qu’ils pratiquent leur religion tranquillement comme les Juifs et les Chrétiens. Durant les longues heures de direct télévisuel où il ne se passait rien, on les a vu affirmer devant les mosquées où ils étaient venus prier qu’ils étaient français, et que ceux qui n’étaient pas contents n’avaient qu’à partir. L’argumentaire lepéniste repris par les musulmans eux-mêmes. Mais finalement, sans stigmatiser personne, est-ce un mal de rappeler que ceux qui ne sont pas contents du fonctionnement politique de la France peuvent partir, quel que soit leur origine ?
Faut-il laisser les intolérants foutre en l’air l’équilibre social de ce pays, déjà bien mis à mal par l’ultra-libéralisme européen et la crise qui en découle ? Surtout quand on sait que cet argument fut celui de De Gaulle en 1967 comme celui des plus ardents défenseurs de gauche de la laïcité à l’école et dans les services publics dans les années 70 et 80. Mais quand c’est Marine Le Pen qui le reprend à son compte en focalisant l’argument sur les noirs et les arabes, on dit le contraire sans réfléchir. Et sans voir qu’elle utilise des slogans d’extrême-gauche expurgés de leur fond politique pour faire du populisme. Ca permet de gagner les élections dans le Nord de la France et c’est plus commercial que les sympathies de Papa pour le régime de Vichy. Et puis ça évite de parler du vrai fond politique du Front National.
Aussi, deux abrutis sont revenus d’Irak sur le territoire français pour imposer des théories extrémistes qui n’ont ni lien ni origine en France, que ce soit dans son histoire judéo-chrétienne comme parmi l’histoire de sa communauté musulmane. Toujours est-il que les quatre morts dans le magasin kacher ont ravivé les tensions entre juifs et musulmans, Dieudonné nous a même gratifié d’un bon mot nauséabond dont il a le secret, preuve que la fosse à purin a été rouverte.
Sauf que parler de ces assassins en remuant encore les étendards religieux est une erreur politique flagrante. Car comme l’ont tous affirmé les musulmans dits modérés, la lecture du Coran qu’en font les islamistes n’est pas la leur. On est effectivement en droit de se demander comment on peut passer du message de paix et d’amour du Coran à la charia, aux décapitations et aux viols organisés.
Si l’on regarde l’histoire, l’utilisation de la religion au sens de la mystique a toujours eu cours dans les grands courants politiques autoritaires. Si l’on doit comparer avec un régime qui a fait de l’assassinat un outil de persuasion, prenons le nazisme.
Lorsque le mouvement se développa entre la fin des années 20 et le début des années 30, il fallut donner du fond à un courant de pensée ouvertement haineux et violent. Il fallut donc créer une race divine, l’aryen. Il était le fruit de la déformation d’écrits pangermanistes et naturalistes, de littérature allemande, de religion chrétienne... La Walkyrie, la race pure, les Goths.... toute cette merde. Mais enfin le nazisme se justifiait par une histoire mystico-religieuse. Il y avait des écrits qui justifiait ce qui allait suivre : les assassinats de journalistes et d’opposants politiques, et ce bien avant la prise de pouvoir en 1933. Puis le massacre des Juifs, des tziganes, des communistes....
Les islamistes pratiquent de la même manière en justifiant leurs crimes par des écrits religieux incontestables. Mais la religion n’y est finalement pas pour grand-chose, même si, quelle qu’elle soit, elle a le plus souvent conduit à des massacres. Déjà, l’Inquisition ou le massacre des Protestants …. Elle est juste un moyen d’embrigadement facile chez les plus faibles, les illettrés. Mais sur le fond, ce sont des assassins totalitaires. Bref, des fachistes.
Ce sont donc des fachistes d’une origine nouvelle qui viennent de tuer les dessinateurs de Charlie Hebdo. Il faut donc les traiter comme tels. Et arrêter de prendre des pincettes avec la religion. Il n’y a pas à en prendre car ce n’est pas le fond du problème. Mais qu’attendre du ventre mou ultra-libéral du continent européen ? Pas grand-chose. Sans doute un énième niveau Vigipirate, une réforme sur informatique et liberté avec deux temps de retard sur les technologies, et du bla-bla sur le respect et la religion dans les écoles qui ne convaincra personne, pas plus ceux qui le sont déjà que ceux qui ne le seront jamais. Bref, on a encore le temps de se faire emmerder par des cons.
Espérons seulement que Charlie Hebdo s’en relèvera. Mais comment rire avec insouciance après un tel massacre. Peut-on encore s’exprimer librement avec de telles arrières-pensées, même inconscientes. Une page s’est tournée. Et pour moi, c’est une partie de ma jeunesse et de mes illusions qui vient de mourir.
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mercredi 7 janvier 2015

lundi 5 janvier 2015

THE RASPBERRIES 1973

  Bonne année à tous chers et fidèles lecteurs. Je vous souhaite à tous le meilleur pour cette nouvelle année, et une bonne lecture en espérant que vous y prenez toujours autant de plaisir.

"« On The Beach » fait partie de ces chansons que j’aime profondément."
THE RASPBERRIES : « Side 3 » 1973

Les bons moments dans la vie sont finalement très (trop) rares. On passe son existence à courir après, et à passer régulièrement à côté. La musique que l’on qualifiera de Pop au sens large se fait le chantre de ces good times, de la bonne soirée arrosée entre amis à la nuit sensuelle entre amoureux. Mais tout cela n’est finalement que bien peu de temps dans une vie, si l’on compare à celui que l’on passe à bosser comme des cons et à régler des merdes de la vie quotidienne, tout cela en devant côtoyer des abrutis. On y laisse son énergie et parfois sa santé, et ce pour un résultat toujours bien médiocre comparé à ce que l’on est en droit d’attendre de ses efforts.
J’ai un temps perdu tout plaisir à passer du temps avec du monde ou en couple. Il est parfois effrayant de constater combien on peut tomber bas à force de s’épuiser à vouloir être conciliant et serviable. On finit par s’oublier totalement, et plus rien n’arrive à vous rendre le sourire. Tout n’est que dérive et tristesse. Se reconstruire est un long processus, mais chaque bouffée d’oxygène de vie nouvelle a une saveur très particulière, celle qui vous fait à nouveau apprécier la vie à sa juste valeur. Seules les blessures passées vous font encore plonger dans des réflexes dépressifs idiots. Le goût amer de l’expérience passée suffit pourtant largement à alimenter le vague-à-l’âme, pas la peine d’en ajouter davantage.

La Power-Pop est finalement restée pour moi une sorte de jardin secret, un plaisir coupable au milieu des disques de hard et blues déchirant l’âme. J’ai découvert ce genre un peu confidentiel par le plus grand des hasards, en comprenant que celui-ci était grosso-modo l’alliage de la musique des Beatles, des Small Faces et des Who, soit trois groupes que j’apprécie au plus haut point. L’une des formations qui symbolise le plus cette fusion entre la puissance rock et la magie des mélodies fut les Raspberries.
Classiquement, après avoir lu une chronique de disques dans un vrai journal en papier, j’achetai en tombant par hasard dessus deux compilations regroupant rien de moins que leurs quatre albums. l’écoute m’enchanta, et en particulier celle de ce troisième opus paru en 1973.
Ce quatuor est le résultat de la fusion en 1971 de deux formations de Cleveland, The Choir et Cyrus Erie. On retrouve Wally Bryson à la guitare lead, David Smalley à la basse, Jim Bonfanti à la batterie et Eric Carmen au chant et à la guitare rythmique. L’ensemble des musiciens participent aux choeurs, bien évidemment, sinon, ce ne serait pas de la Pop, hein.
Le premier album éponyme permet à la formation de décrocher un numéro 5 dans le Top US avec la chanson « Go All The Way », qui se vendra à un million d’exemplaires. Malheureusement, le succès s’arrêtera à cette chanson, et les ventes d’albums ne suivront pas. Trop Rock pour le public populaire, trop pop pour le public Rock, The Raspberries n’arrivent pas à trouver son audience. « Side 3 » est une tentative de se rapprocher de ces fans des Who en enregistrant les nouvelles chansons avec un son plus direct, plus cru.
Moi qui suis un fan inconditionnel de la bande à Pete Townshend, il est bien évident que tout cela allait fortement me plaire. Ma grande crainte était finalement une mauvaise copie mal dégrossie de la musique originale, qui est l’écueil majeur sur lequel nombre de formations se sont lamentablement échouées. Mais les Raspberries sont foncièrement un groupe doué, un vrai. 

Ils ont d’abord une vraie énergie Rock, primordiale. Et ce dés leur premier 45 tours, le fameux « Go All The Way ». Les choeurs apportent le sucre qui cristallise les mélodies rutilantes, et fait que les Raspberries ne sont pas qu’un groupe de Rock US de plus. Plusieurs formations Power-Pop comme Badfinger ou les Rubinoos n’auront pas ce punch. Y compris dans le chant d’ailleurs, car Eric Carmen a un sacré coffre de rocker, une voix entre Roger Daltrey des Who, et Peter Cetera de Chicago pour le côté plus mélodique.

Cet ancrage Rock, c’est ce qui manquera d’ailleurs à Eric Carmen lorsque celui-ci partira dans une carrière solo qui sombrera dans le sirop le plus total. On lui doit notamment le « All By Myself » avec lequel Celine Dion et ses ersatzs exterminent nos tympans depuis plus de vingt ans.
Mais pour l’heure, l’homme et son groupe cherche une alternative au Hard-Rock viril de Led Zeppelin ou Black Sabbath, et au rock progressif et ses digressions instrumentales indigestes, celui de Yes ou Emerson, Lake And Palmer. Les Raspberries voulaient revenir à un format de chanson de trois minutes, alliant le talent d’écriture des Beach Boys, des Beatles, ou des Hollies avec le Rock direct des Who ou des Pretty Things. Une sorte de vision pré-punk, finalement.
Bien sûr, les arrangements mélancoliques au piano peuvent parfois sembler un peu mélodramatiques, notamment sur les deux premiers disques. Mais sur « Side 3 », ils laissent la place à un vrai Rock efficace et bien écrit. On y trouve d’ailleurs quelques similitudes avec le « Quadrophenia » des Who, les arrangements de claviers en moins.
« Tonight » refait le coup de « Go All The Way » en thème rentre-dedans d’ouverture de disque. Mais là où le couplet du tube des Raspberries se faisait presque mielleux, « Tonight » ne baisse guère la garde. Il conserve son énergie tout du long. Les arpèges des couplets, l’urgence du chant, la batterie puissante de Bonfanti emportent le plus dur des rockers dans un déluge d’emphase amoureuse. « Last Dance » se fait plus mélodique, avec de délicates touches américana, voire country en final. Chanson futée, elle surprend l’auditeur imprudent à siffler la mélodie en quelques secondes. « Make It Easy » débute comme un boogie-blues moite, teinté de guitare acoustique sur le couplet, Il conserve cette coloration bluesy marquée assez surprenante de la part des Raspberries. Et le résultat est ultra-efficace. 

« On The Beach » fait partie de ces chansons que j’aime profondément. Emplie de cette mélancolie adolescente un peu forcée, elle renvoie néanmoins à cette amertume que l’on a parfois lorsque la vie se fait injuste et difficile. Les arpèges de la SG Gibson double-manche de Bryson qui montent en procession à la fin du morceau sur fond de bord de mer .... On ressent cette douleur intérieure, cette résignation que l’on refuse mais qui semble inéluctable. Ce morceau parfait reste pour moi ce que le quartet de Cleveland a composé de plus fort mélodiquement parlant. 
« Hard To Get Over A Heartbreak » débute comme un bon vieux blues-rock avant que le refrain n’éclate, contagieux à souhait, avec ses choeurs beatlesiens. Il me paraît important de faire ici une petite pause dans ce déroulé des morceaux afin de parler du jeu des musiciens. En effet, nous avons à faire à quatre instrumentistes de talent. Jim Bonfanti est un batteur fabuleux, ses roulements de toms furieux sont du niveau de Bev Bevan des Move et même du maître lui-même, Keith Moon. David Smalley est lui fortement inspiré par John Entwistle, mais son jeu fin se rapproche plutôt de celui de John Paul Jones. Les deux formes une section rythmique puissante. Eric Carmen, en plus d’être un très bon chanteur, est un guitariste et un pianiste compétent. Bryson n’est sans doute pas un virtuose mais ses chorus, ses riffs et ses arpèges chantent sur le support musical infaillible de ses compères.
Sûr de sa force, les Raspberries le chantent haut et fort : « I’m A Rocker ». Encore un fabuleux blues-rock mélodique, fil conducteur de ce disque. « Should I Wait ? » se fait plus country avant qu’avec « Ecstasy » l’orage n’éclate à nouveau. On retrouve la force et l’emphase de « Tonight ». La tension y est incroyable, tenue par la basse linéaire et les roulements furibonds de caisses. « Money Down » est un heavy-blues poisseux très zeppelinien rappelant « The Lemon Song ». Mais toujours malins, les Raspberries y rajoutent quelques touches de cuivres soul, fiers de la musique noire de leur pays.
« Side 3 » est un excellent album de Rock, riche et ambitieux, il aurait pu satisfaire bien des publics, mais il ne trouva jamais le sien. Terrible injustice que le sort de ce groupe si talentueux, qui produisit quatre excellents disques en à peine trois ans avant de disparaître corps et âmes. Il refit surface en 2005 et 2007 pour quelques dates de reformation dont témoigne un très bon live. Encensé par de multiples musiciens américains, de Bruce Springsteen à Courtney Love, ils purent goûter enfin à un peu de reconnaissance, trente années plus tard. La galaxie Power-Pop compte de multiples groupes merveilleux : Todd Rundgren, Nazz, Badfinger, Big Star, Rubinoos, Artful Dodger... mais les Raspberries restent incontestablement les plus merveilleux, ceux dont la magie de la musique est indescriptible et intacte.
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