lundi 4 janvier 2016

JEFF BECK GROUP 1972

Bonne année 2016 à tous chers lecteurs, et meilleurs voeux pour l'année à venir. On va pas s'engager sur la pente savonneuse des prédictions et des bonnes résolutions. Juste profiter du bon temps à prendre, et éviter de tout coeur les emmerdes. Et là, oui, on passera une bonne année.

"Je fus saisi par le nom en noir : Jeff Beck Group."

JEFF BECK GROUP : Jeff Beck Group 1972

            C’est une grande surface dans la banlieue d’Amiens. Il tombe une pluie froide, qui se dissipera avec peine quelques jours plus tard lorsque perceront les rayons rougeoyants du soleil couchant d’hiver. Nous sommes vendredi soir, et c’est le jour des courses pour la bande d’étudiants dont je fais partie. Encore un week-end à passer dans nos chambres, à nous préparer nos repas dans la cuisine commune, et à boire quelques bières. Elles font d’ailleurs partie des courses, au même titre que les pâtes et les pommes de terre. Dans ce grand supermarché, je suis irrésistiblement attiré par le rayon disques. Il ne se passait pas un mois sans qu’un label ne fasse une promotion sur une partie de son catalogue, alimentant de grandes têtes de gondole d’albums diverses, de tous styles, mis en vente à des prix alléchants, une petite poignée d’euros. A l’époque où les disques neufs, même en réédition, se vendaient en magasin presque vingt euros, et que la vente sur internet n’existait pas encore, acheter un disque cinq euros était plus qu’intéressant. Certes, il n’y avait pas que du premier choix, et il fallait savoir fouiller, ce que je faisais avec délectation pendant une bonne demi-heure, laissant mes camarades l’entame de notre vraie raison dans ce temple de la consommation. Par ce biais-là, je fis l’achat de disques que je considérais comme secondaires, et que je n’aurais donc pas acheté sciemment au premier abord. Cela signifiait que j’achetais des albums dont les noms m’évoquaient telle ou telle lecture, mais sans avoir aucune idée du contenu. L’erreur me coûtant finalement fort peu, je me permettais de compléter ma collection de disques à moindre frais, et élargissait de fait mon spectre musicale. Car si je fis l’acquisition de plusieurs albums de Led Zeppelin manquants, je découvris ou complétai mes connaissances sur Journey, Santana, Scorpions, The Band, Steve Hackett, Neil Young… Mais pour cela, il fallait en trier, de la merde, pour trouver ces disques au milieu des France Gall, Michel Sardou et Whitney Houston. Mais une fois que je les avais en main, j’avais l’impression d’avoir trouvé une pépite. Et parmi elles, il y eut celui-ci.
            Jeff Beck, je connaissais par la première mouture de son Group, celle avec Rod Stewart, dont je découvris aussi les premiers disques solo grâce à ces achats en bacs à soldeur. Je savais aussi que Beck avait tourné Jazz-Rock au milieu des années 70, et puis il y avait cet album avec Tim Bogert et Carmine Appice que je possédais, mais cette version du Jeff Beck Group ne me disait absolument rien. Les deux albums publiés en 1971 et 1972 sont par ailleurs peu évoqués par les anthologies du Rock, hormis le fait qu’un certain Cozy Powell tenait les baguettes, et qu’il deviendra célèbre plus tard en jouant dans Rainbow, Whitesnake et avec à peu près tout le monde dans le monde du Rock, de Brian May à Peter Green. C’était en fait le prototype du disque pour complétiste, pas réellement excitant, et pour lequel tout le monde passe à côté parce que parfaitement anecdotique dans la carrière d’un artiste. Et c’est sans doute pour cela qu’il atterrissait là, dans ces grands bacs de cartons.
            Cela me fit bizarre de tomber là-dessus. J’avais l’impression d’avoir découvert une merveille ignorée de tous ceux qui venaient fouiner là-dedans. Je fus saisi par le nom en noir : Jeff Beck Group. Et puis je lus l’année de sortie, 1972, et le nom des musiciens, dont notre fameux Cozy Powell. Je le posai dans le fond de mon petit panier de courses, et je continuai mes achats de français moyen le cœur plus léger, ravi d’avoir trouvé de quoi égayer mon week-end pluvieux de révisions. Arrivé dans ma chambre, j’allumai ma lampe de bureau, déballai l’album de son plastique, et le mit sur la platine. Et le trouvai excellent. Il était gorgé d’une chaleur qui irradiait la pièce dans la nuit hivernale. Il m’éclaira aussi d’un jour nouveau sur le jeu de guitare de Jeff Beck.
            Le premier Jeff Beck Group avec Rod Stewart se dissout dans l’été 1969 dans l’animosité la plus totale. Le quatuor avait classé ses deux albums à la quinzième place du Top américain, et ses concerts en terre US étaient une sérieuse concurrence aux meilleures formations de l’époque, dont les Who et Led Zeppelin. Mais les relations entre les musiciens se sont tendues, au point que Jeff Beck met fin à la formation immédiatement, annulant leur participation programmée à un festival américain fin août : Woodstock. Comme si cela ne suffisait pas, il est victime d’un grave accident de voiture en décembre qui lui brise le crâne et lui pulvérise le nez. Lorsqu’il revient à la musique un an plus tard, son projet de groupe avec la section rythmique de Vanilla Fudge, Tim Bogert et Carmine Appice, et dont le chanteur devait même être Rod Stewart, est tombé à l’eau. Le bassiste et le batteur ont fondé un quatuor nommé Cactus. Jeff Beck doit donc tout reprendre de zéro. C’est ce qu’il fait en 1971 en montant une nouveau Group avec un jeune batteur prometteur du nom de Cozy Powell que lui a coneillé son producteur Micky Most, le chanteur Bobby Tench, le bassiste Clive Chaman et le pianiste Max Middleton. L’orientation musicale est nettement plus Soul et Funk, et le premier album, Rough And Ready, paru en octobre, est une petite merveille. La formation tourne de manière conséquente en Europe et pour quelques concerts aux USA, suite au classement du disque à la 46ème place des charts. Le Jeff Beck Group reste sur le continent américain, et au mois de janvier 1972, il se rend à Memphis aux TMI Studios en compagnie du guitariste de Booker T And The MG’s, le groupe maison des studios STAX, Steve Cropper. Les studios et les musiciens de Memphis étaient alors recherchés. Tom Dowd avait produit l’ensemble des albums du Allman Brothers Band, ainsi que ceux d’Eric Clapton au sein de Derek And The Dominos. Les studios Muscle Shoals, bien que vétustes et dont les murs étaient simplement recouverts de boîtes d’œuf pour l’insonorisation, attiraient tous les plus fins musiciens du monde de par les fabuleuses productions Soul de la fin des années 60 : Otis Redding, Sam And Dave… Le Jeff Beck Group n’eut ni la chance d’enregistrer aux Muscle Shoals Studios, ni d’être produit par Tom Dowd, mais capter leur nouvelle musique à Memphis avec l’un des plus grands musiciens et compositeurs de la ville étaient déjà une belle opportunité. Surtout pour un groupe qui vient d’opter le son Heavy-Funk sur son précédent album.
            Le résultat est un disque chaud et généreux, mêlant habilement Blues, Rock, Jazz, et Soul. Il n’y a pas de démonstration gratuite, ou d’artifices prétentieux, juste cinq mecs jouant ensemble une musique à la fois dans l’air du temps, et à part vis-à-vis de la scène Rock Glam, Progressive ou Hard. C’est sans doute ce qui desservit cet album, surtout provenant d’un guitariste comme Jeff Beck, ce manque de flamboyance. L’homme était connu pour en mettre plein les oreilles avec ses soli et sa hargne électrique. Il était un innovateur, un défricheur. Le voilà pratiquant ce que l’on pourrait qualifier au premier abord de Funky Music. Sauf qu’il s’agit d’une musique d’excellente qualité, riche, qui nécessite plusieurs écoutes pour se dévoiler totalement. C’est d’ailleurs ce que voulait Beck : un album dont la richesse réside dans la qualité de ses multiples détails, comme ceux de STAX, Stevie Wonder ou Herbie Hancock. Il n’y a rien de particulièrement impressionnant au premier abord, mais une écoute attentive révèle la qualité de la rythmique, les petits chorus, la densité de la production, et les mélodies contagieuses. Car comme un bon album de Funk, on se surprend à siffloter certains thèmes. Et siffler du Jeff Beck sous la douche fait déjà de vous un être particulier.
            Ce que je trouvai fascinant d’entrée, c’est ce break de batterie-cymbales, simplement parfait, qui imprime un groove impeccable dès les premières mesures. « Ice Cream Cakes » est un redoutable Funk poisseux. La guitare de Beck est dominante, rageuse, grondante. Il se montre plus prolixe dans son jeu. Il utilise peu d’effets sur ce disque, hormis une wah-wah et un peu d’écho de temps en temps. Tout le talent réside dans ses interventions pointillistes, le travail du bouton de volume, les embardées de médiators, les envolées de manche, précises, techniques, inspirées. L’ensemble du groupe est mixé de manière très brute,  gardant l’intensité des morceaux interprétés en direct dans le studio. Le piano électrique de Max Middleton se fond à merveille avec la guitare, les deux se répondant avec une complicité exceptionnelle. Les deux instruments teintent comme des gouttes d’eau tombant, délicates, dans les eaux bleues d’un lac de montagne.
            Et des émerveillements, il y en a. Le superbe Blues « I’ll Be Staying Here With You » rappelle à la fois toute l’habileté de Beck à jouer ce style, faisant pleurer sa guitare, tout en lui en injectant un feeling Soul que l’on doit également à la voix riche de Bobby Tench. « Sugar Cane » est une composition aux accents Jazz que j’adore tout personnellement. J’aime ses dissonances, ses décalages d’humeur et de tonalités. Le piano acoustique de Middletone est une merveille sur ce thème simple, la wah-wah glougloutant sur le thème et les accords de Fender Rhodes. Le morceau s’achève comme un pur morceau de Soul grâce au travail vocal de Tench. « I Can’t Give You Back The Love I Feel For You » est un bel instrumental sur lequel Beck explore les possibilités du bottleneck. Cette approche tout à fait lyrique et pas du tout Blues sera indéniablement une source d’inspiration pour Ritchie Blackmore, qui n’hésitera pas à s’en inspirer sur les albums « Burn » et « Stormbringer » de Deep Purple, puis dans Rainbow. « Going Down » est la grosse affaire, le morceau le plus long du disque avec ses presque sept minutes de déchaînement de Hard-Blues teigneux. Ce titre de Don Nix sera repris par d’innombrables artistes : Deep Purple, Chicken Shack, Lynyrd Skynyrd et même Led Zeppelin. La version Hot’N’Nasty du Jeff Beck Group permet au guitariste de se lancer dans de superbes chorus lui permettant d’explorer toute la capacité de la Fender Stratocaster, guitare qui l’a troqué contre sa fidèle Les Paul Gibson, de manière pas totalement définitive néanmoins. Mais Beck aimait jouer avec le vibrato, déformer les notes, se lancer dans de rapides attaques de manche nerveuses, et seule la Stratocaster lui permettait une telle précision. Sur « Going Down », il est au sommet de son art, soutenu par un groupe impeccable, à commencer par Clive Chaman dont la basse est proprement stupéfiante de profondeur, et rivalise avec les meilleures productions Jazz-Funk de l’époque. « I Got To Have A Song » est une superbe chanson de Stevie Wonder : la mélodie est superbe, et le groupe, doté de tous ses instrumentistes, est à son service, d’une cohésion implacable. Bobby Tench est un grand chanteur de Soul, et c’est ce que tente sans doute aussi de prouver Steve Cropper. Néanmoins, Wonder et Beck avaient noué des liens amicaux et une admiration mutuelle, qu’entretins cet enregistrement. Par la suite, le pianiste composera un morceau pour le troisième Jeff Beck Group avec Tim Bogert à la basse, Carmine Appice à la batterie, et toujours Middleton au piano et Tench au chant le temps d’une tournée américaine et de premiers pas en studio en 1972. Cette chanson s’appelait « Superstition », mais Wonder la trouva tellement bien qu’il l’enregistra lui-même avant Jeff Beck, et obtint un immense hit international au détriment du guitariste, qui en fut longtemps déçu. Une blessure de plus de la part d’un ami pour Beck après celle de Jimmy Page et sa reprise de « You Shook Me » avec Led Zeppelin en 1969.
            L’album se poursuit avec le très Soul « Highways », enrichi de superbes parties de guitare, d’une infinie mélancolie. Il est pour moi un autre sommet divin de ce beau disque, qui met en exergue toutes les qualités de ce line-up, toute sa finesse, sa force rythmique. Le disque se clôt par le bel instrumental « Definitively Maybe », qui voit Tench se mesurer à Beck à la guitare, les deux hommes jouant en harmonie pour ce beau Blues-Funk mid-tempo à la douceur et à l’amertume prodigieusement denses. Chaque note est un mot, saisissant, fort. Seul Jeff Beck sait faire pleurer une guitare de cette manière. Il n’en retrouvera pas totalement toute l’intensité sur ses albums Jazz-Rock à venir dans la seconde moitié des années 70. Lui qui se plaignait tant des limites du matériel musical de l’époque, car elle lui empêchait de jouer réellement ce qu’il entendait dans sa tête, réussissait sur ce disque à extraire toute l’expressivité de la guitare électrique. En enregistrant son disque de la manière la plus brute et la plus simple possible, il venait de produire un disque d’une émotion et d’une humanité étincelante.

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18 commentaires:

RanxZeVox a dit…

Yes papa. Jeff Beck n'a pas vraiment eu la carrière qu'il pouvait espérer, surement est-ce dû à son caractère et à plusieurs mauvais choix à des moments clés. Il a quand même réussi à mener sa barque comme il l'entend et c'est finalement le plus important. Son album hommage à Cliff Gallup, guitariste de Gene Vincent, avait surpris tout le monde alors qu'il est évidemment qu'il puise depuis le début à la bonne source )))
Tu évoques Cactus, un sacré bon groupe que celui ci.
Et sinon, Bonne Année à toi !

Julien Deléglise a dit…

Cactus, je l'ai évoqué dans ces pages, l'album "Restrictions". J'aime aussi beaucoup l'album et le live de BBA. Il y aurait sans doute fallu un chanteur comme Tench, car la voix de Bogert est bien, mais un grand vocaliste aurait permis de hisser le chant au niveau de l'instrumentation, exceptionnelle.

Anonyme a dit…

bonne année a electric buffalo et continue de nous faire voyager avec tout ces groupes que l'on aimes et ceux que tu nous fais découvrir !!!!

le rock n'roll sera toujours de la fête.

Rayman87

RanxZeVox a dit…

Restrictions et Ot'n'Sweaty sont aussi mes préférés. Contrairement à BBA, Cactus a eu deux grands chanteurs qui ont hélas disparu de la circulation. Rusty Day sur les 3 premiers albums studios, tué par balles avec son fils lors d'un deal de drogue au début des années 80, puis Peter french sur Ot'n'Sweaty dont je ne sais absolument rien de ce qu'il a pu foutre depuis. Il était pourtant parfait dans le registre hystérique.

RanxZeVox a dit…

Bon, je pige que dalle à ces blogs, comment je fais pour retrouver ton papier sur Cactus ? Y a pas moyen de voir tes libellés ou des liens vers chaque articles ?
Désolé mais sorti de Ranx je suis paumé.

Julien Deléglise a dit…

Va sur la colonne de gauche. Tu cliques sur la flèche à côté de chaque mois et tu as le déroulé de tous les articles du mois. L'article sur Cactus date du mois de mai 2015.

Julien Deléglise a dit…

Je ne sais pas si tu sais, mais Rusty Day était pressenti pour remplacer Bon Scott en 1980 mais il a refusé. Il a aussi refusé le poste de chanteur dans le Rossington-Collins Band.
Pour Peter French, il a rejoint un groupe allemand du nom de Randy Pie, puis il a sorti un album solo appelé "Ducks In Flight" en 1978 Avé Kenney Jones des Faces à la batterie et Brian Robertson de Thin Lizzy à la guitare. Il a réformé son groupe culte Leaf Hound il y a 10 ans et a enregistré un live et un nouveau disque.

RanxZeVox a dit…

Merci pour ces précisions, je vais écouter tout ça. Je ne savais pas que Rusty Day avait refusé la place de Bon Scott, ça n'aurait sans doute pas duré longtemps mais ça aurait eu de la gueule. Idem pour le Rossington-Collins Band.
Ce Brian Robertson aussi quel gâchis. Ce type est l'un des plus fantastiques guitaristes des 70's.

Julien Deléglise a dit…

Disons que Rusty Day aurait davantage ramené un côté Blues-Rock'N'Roll et des textes aux aspects sociaux plus proches de Bon Scott.
Brian Robertson aura payé cher le fait d'avoir baisé avec la femme de Ron Wood pendant que ce dernier était en tournée avec les Stones en 1977 ah ah. Viré de Thin lizzy, puis réintégré in-extremis pour finir l'album "Bad Reputation", il en sera à nouveau viré aussi sec, Lynott ne pouvant plus l'encadrer. Il a aussi bretté un petit coup avec Pat Travers sur "Stateboro Blues" en 1977, fabuleuse version d'ailleurs.
Brian ne s'est jamais remis de son éviction de Thin Lizzy. Dans une interview de 1983, alors qu'il est avec Motorhead (excellent album d'ailleurs), il en parle toujours les yeux humides et la gorge serrée. Sa consommation gargantuesque d'alcool et de cocaïne est semble-t-il liée à cela. Son groupe, Wild Horses, en 1978-1979, n'est pas mal, mais c'est loin d'être aussi prodigieux qu'avec Phil Lynott.

RanxZeVox a dit…

L'alcool, les bagarres et la coke ont eu raison de Brian Robertson. Il s'est fait virer de Thin Lizzy parce qu'il a foutu en l'air l'unique opportunité qu'a eu le groupe de percer aux États-Unis. Ce dingue s'est battu dans un club et s'est pris un tesson de bouteille en pleine main, la 1ere tournée US en tête d'affiche de Thin Lizzy a été annulée et ils ont été grillé par le business ricain.
Après ça, le groupe a végété à Londres et Phil Lynott a plongé plein pot dans l'héroïne au moment où il enregistrait l'album So Alone de Johnny Thunders dans lequel ils forment un fantastique trio vocal avec Steve Marriott sur Daddy Rollin' Stone.
Je voulais faire un papier pour les 30 ans de sa mort, ce 4 janvier mais ça s'est pas goupillé dans le bon sens. J'aime tellement Phil Lynott et Thin Lizzy que ça me paralyse un chouia d'aborder le sujet. Mais je vais m'y coller.

Thin Lizzy était un groupe unique, l'un des meilleurs qui soit. La période avec Robertson est la meilleure. Another perfect day avec Motörhead était bon aussi mais je les ai vu pendant la tournée qui a suivi et c'était calamiteux. Remarque tu te serais régalé, ils ont tapé le bœuf sur des classiques du blues pendant une plombe devant une salle au 3/4 vide)))) Parmi tous les canards qui mettent Lemmy en une pour attraper le chaland, il n'y en avait aucun pour les soutenir à ce moment là.

Merci du tuyau, l'album Ducks in flight est excellent. Brian à l'air en grande forme sur la pochette )))))

Julien Deléglise a dit…

Oui, l'histoire du tesson de bouteille, c'était au moment de sa coucherie avec Mme Wood ah ah.
Sur la réédition de "Another Perfect Day", il y a une superbe version de "Hoochie Coochie Man", belle à pleurer. Mais on sent que le groupe est en équilibre fragile. Robertson est totalement ravagé. il ne s'en est d'ailleurs jamais relevé depuis.
Tu parles de la récupération actuelle de Motorhead et Lemmy, c'est sûr que quand tu connais l'histoire, c'est assez détestable. Même après 1983, quand on voit la réputation qu'avait le groupe jusqu'au début des années 2000... C'est un peu comme AC/DC : tout le monde adore, c'est génial, tout le monde les a toujours aimé.... mais le groupe a eu une réputation de bourrins pour boutonneux jusqu'à "Black Ice".
Concernant Peter French comme Brian Robertson, c'est assez fulgurant le nombre de musiciens prodigieux qui ont disparu corps et âmes au début des années 80 après dix ou quinze d'une activité musicale importante,et qui réapparaissent ces dernières années, passés la soixantaine, pour un petit baroud d'honneur. Certains auraient mérité bien mieux.

RanxZeVox a dit…

Beaucoup de ces musiciens dont tu parles ont disparu quand le rock est devenu une très grosse entreprise sponsorisée. Les sponsors se voyaient demander des sommes colossales par les groupes, en contrepartie ils ont exigés des engagements très fermes et des garanties à n'en plus finir. S'en était terminé des tournées à l'arrache durant lesquelles les musiciens se déchirent la tête et se pointent sur scène à l'heure qu'ils veulent dans l'état qu'ils veulent. Soudain tout était planifié à la demi heure. L'ère des désintox en série avait sonné.
Beaucoup de rockers qui trainaient dans le business à l'ancienne depuis les 60's se sont retrouvés sur la touche car aucune compagnie ne voulait assurer leurs tournées. Trop risqué (imagine le check up médical d'un groupe comme Thin Lizzy))). Les groupes ont fait le ménage dans leurs rangs, tu remarqueras que beaucoup de formations ont bougé à ce moment là. Même Malcom Young s'est retrouvé sur la touche pendant toute une tournée US.
C'est à cette même époque que Lemmy s'est installé à Los Angeles (et teint en blond -comme David Coverdale)))) il a senti le vent tourner, Londres avait une réputation épouvantable, et en faisant ça il s'est assuré une crédibilité vis à vis du business. Il était malin comme un singe le père Lemmy.
Résultat, les groupes qui ont survécu sont ceux qui sont su s'adapter (le bouquin de Steven Tyler est très instructif sur le sujet) et on nous les a vendu comme le summum du cool alors qu'en fait c'était les plus requins ))))
Les autres, beaucoup de ceux qu'on aime, tu les retrouves à vendre leurs autoproduction sur internet ou alors ils travaillent dans des cantines scolaires (tu as vu The story of Anvil, j'imagine)))) et comme il y a un marché de la nostalgie depuis une dizaine d'années certains retrouvent le chemin des salles de concert maintenant qu'ils sont cleans (ou trop usés pour continuer à se déglinguer la gueule). Ce qui explique qu'on voit en France des mecs qu'on n'aurait jamais imaginé avoir la chance de voir. Parfois c'est quand même bien, parfois c'est pathétique.
On vit la fin de l'histoire mon ami, c'est triste mais c'est ainsi.

Pascal GEORGES a dit…

hello,
un superbe article sur ce JBeck Group.
j'ai découvert Beck par "Wired", led Boots est un truc sonique dont j'ai peiné à me remettre...
puis j'ai remonté le courant et acquis nombre de ses albums comme ceux ci.
au passage Max Middleton est certainement l'un des claviéristes qui m'a le plus influencé, un jeu bluesy qui lui permet de tirer le meilleur de tout contexte et toute situation et ça associé à un son de fender Rhodes inimitable sur lequel j'aurais planché en ping pong tremolo pendant des heures, des semaines des années... en s'en approchant, mais sans jamais réellement le choper.
votre débat sur les héroïques figures du rock et la récup' commerciale est réaliste et malheureusement on peut difficilement aujourd'hui faire sans.
je ne suis pas passéiste pour autant, bien que génération oblige c'est plutôt vers ce passé glorieux aux légendes devenues mythes et aux artistes parfois déchus que je vais souvent me ressourcer.

jeff beck est un grand artiste, un guitariste légendaire et référent, ce quelque soit son style car il est disons, unique et reconnaissable entre mille.
j'en suis fan et ce depuis très très longtemps.
ces albums rock-funk-soul sont des petites merveilles, merci de les remettre en avant tout comme de ré-évoquer le Beck Boggert and Appice dont je m'était procuré à prix d'or le live import japonais en vinyle - un véritable joyaux qui remet superstition dès l'entrée en lice à cette juste place massive.
celui là on le trouvait pas dans les bacs soldes des super marchés, bacs dans lesquels j'ai moi aussi fut un temps trouvé de merveilleuses pépites... finalement on a tous les mêmes astuces et l’achat d'inédit, d'inconnu est un risque qui parfois, au milieu de Sardou et Dalida, paye... (je me suis fait tout Little feat comme ça, au fond d'un intermarché...)

bonne année ici avec tout les voeux au choix de chacun.
amitiés virtuelles.

Julien Deléglise a dit…

Il est clair que beaucoup de groupes "survivants" ne sont en fait que des tribute-bands avec un ou deux musiciens de l'époque, et pas forcément les plus importants : le pire, je crois que c'est Thin Lizzy. C'est tout simplement pitoyable. Mais on s'accroche tous plus ou moins à notre jeunesse, ou on a envie de de vivre un bout des fabuleuses années 70, avoir une part du mythe. Mais un moment donné, les ficelles sont tellement grossières... Ceux qui n'ont pas survécu ou se sont rangés ne sont effectivement pas les plus requins. Et à l'heure où une génération entière disparaît, sans avoir aucun remplacement du même niveau, et de loin, chaque miette de la légende est bonne à prendre, ou à vendre plutôt. Mais quand je vois des extraits des derniers concerts des Who ou de Led Zeppelin, franchement, ça me brise le coeur.

Julien Deléglise a dit…

@Pascal : merci pour ton commentaire. Ce que je trouve réellement fascinant sur ce disque, c'est la pureté du son sur tous les instruments, et en particulier la guitare. Jeff Beck aimait utiliser les effets, la talk-box quelques temps plus tard. Sur cet album, il n'y a que son jeu, son feeling, et quelques coups de wah-wah, très discrets.C'est ce qui rend ce disque magnifique je trouve. Le live au Japon de BBA, je l'ai acheté à prix d'or aussi, mais quel disque.... dommage que ces trois-là aient été incapables de se juguler niveau égos. Dans le genre super-groupe, j'adore aussi le premier disque de West, Bruce And Laing. Je le trouve superbe.
Tu parlais de nostalgie : je dois avouer que j'ai de la nostalgie pour mes jeunes années par moments, mais surtout une forme de mélancolie lorsque je trouve des vieux albums et de vieux journaux des années 70. Je n'ai pas connu cette période, je suis un ado des années 90. Je crois que c'est de l'ordre du fantasme, sans aucun doute. Et avec internet, il est sans doute plus facile d'écouter, d'acheter et de découvrir de la musique qu'en 1975. Ceci étant, quand je vois Bowie et Lemmy partir, même si il fallait s'y attendre vu l'hygiène de vie qu'ils ont eu, ça me fout un coup. Et ce d'autant plus que des personnages comme cela, il n'y en a plus pour le moment.

Anonyme a dit…

Encore une fois, j'ai le plaisir de retrouver commenté un des disques (et/ou artistes - groupe) qui tient à cœur. Un grand merci.
Ce Jeff Beck Group là auraient dû logiquement être érigé parmi les "claques de l'année". Maintenant, à cette époque, les claques de l'année déferlaient de tous côtés ; au point où l'on pouvait croire que la face du monde allait en être changée... (Hélas, elle a effectivement considérablement changée, mais pas dans le bon sens...)
Les galettes de cette formation éphémère sont, à mon sens, à mettre sur le dessus du panier de la production d'El Becko. Probablement ses plus chaleureux.
Des années que j'attend une réédition remasterisée (non aseptisée), avec des bonus d'inédits (et non des "alternates")

(voir la prestation du Beat Club de 1972 / Youteube : https://www.youtube.com/watch?v=OJW6Y8U-BsI)

Anonyme a dit…

Ha ! Et Bonne Année !!! Meilleurs vœux !

En aparté, j'sais pas vous, mais j'ai toujours trouvé qu'il y avait une forte ressemblance entre Cozy Powell et Jeff Beck. Même les cheveux. Pratiquement deux frérots. De plus, tous deux étaient passionnés de grosses cylindrées et en payèrent malheureusement chèrement les conséquences. Hélas, Powell, on le sait, n'eut pas droit à une deuxième chance)

Julien Deléglise a dit…

Salut Bruno. Meilleurs voeux à toi. Je te souhaite le meilleur pour 2016.
Cet album de Jeff Beck est sans doute passé largement inaperçu à cause de sorties bien plus médiatiques. A commencer par le fameux Ziggy Stardust.
Mais pas mal de disques sont passés inaperçus malgré leur qualité, redecouverte aujourd'hui. Le "Six" de Soft Machine par exemple.
La ressemblance physique entre Beck et Powell, j'ai hésité à en parler ah ah. Ils sont presque frangins, c'est à s'y méprendre. En tout cas, Powell apporte un sacré punch à la musique.